lundi 15 novembre 2010
Mr Bush goes to Washington...
Décidément, George W. Bush n'en finira jamais de faire parler de lui. Alors qu'on le pensait à la retraite pour de bon, ses mémoires le feraient presque revenir sur le devant de la scène.
Pour beaucoup, les mémoires semblent confirmer ce qu'on pensait déjà de l'homme. Sa façon cavalière et instinctive de prendre des décisions importantes, son feu vert pour l'usage de la torture, ou encore sa vision fragmentaire de l'Irak de Saddam Hussein ou de la crise financière qui s'annonçait à la fin de son second mandat.
Mais pire encore, Bush est maintenant accusé de plagiat et de falsification.
L'accusation de falsification vient de Gerard Schröder qui rapporte qu'une conversation entre Bush et lui au sujet de l'Irak a été déformée. L'Allemagne est ainsi accusée par Bush d'avoir "trahi sa confiance".
L'accusation de plagiat vient elle du Huffington Post, un journal publié exclusivement sur internet. Ce journal, ouvertement proche de la gauche américaine, relève de troublantes ressemblances entre certains passages des mémoires de Bush et des extraits de livres publiés précédemment par des collaborateurs. On note tout particulièrement un extrait supposé relater l'inauguration du président Afghan Hamid Karzai alors que Bush... n'y a jamais assisté. Bush est également accusé d'avoir plagié un certain nombres de journalistes, et tout particulièrement le livre de Bob Woodward Bush at War.
Cette accusation de plagiat débouchera-t-elle sur un procès? Dans la mesure ou les plagiés sont tous plus ou moins tributaires de l'ex-président pour leur propres oeuvres, on peut en douter.
Ironiquement, Bush déclare "ne pas se soucier des perceptions" à ce stade, arguant que le livre est plutôt destiné aux historiens. Il est pourtant loin d'être certain que cela changera l'image de sa présidence dans les décennies à venir...
Sources:
The Huffington Post: George Bush Book 'Decision Points' Lifted From Advisers' Books
CBS News: Bush Lying in Memoir, Says Ex-German Leader
Le Monde: La presse américaine sévère avec les Mémoires de George W. Bush
mercredi 3 novembre 2010
Victoire républicaine
Un mot sur la victoire annoncée des Républicains aux mid-terms d'hier. Bien que le parti d'Obama essuie un revers, celui-ci est à nuancer de plusieurs manières.
Pour commencer la situation est loin d'être inhabituelle pour un premier mandat présidentiel. Le mouvement de balancier des électeurs existe aux Etats-Unis comme ailleurs, et le parti d'opposition peut facilement gagner des points en période difficile, et plus encore si le parti au pouvoir a mené une réforme difficile et/ou impopulaire.
Ensuite, les Républicains sont loin d'enregistrer une victoire totale. Si la Chambre des Représentants leur est désormais acquise, il n'en est pas de même du Sénat, ce qui lui enlèvera donc tout pouvoir. En parallèle, les Démocrates parviennent à sauver les meubles dans de nombreux Etats, et même à gagner la gouvernance des Etats de New York et Californie.
L'impopularité de l'action d'Obama, et en particulier la réforme du système de santé, n'est pas si évidente. Si les électeurs ont manifesté leur inquiétude devant les dépenses de l'Etat, ils sont une large majorité à ne pas réclamer le retrait de la réforme phare d'Obama, et donc à ne pas véritablement soutenir les positions du tea party. Il s'agit donc plutôt d'un vote "alarmiste", cherchant à manifester l'inquiétude devant la situation économique, que d'un vote "sanction", cherchant à pénaliser le président.
La volonté des Américains de "revenir vers le centre" semble indéniable. Il est peu probable cependant qu'elle ait des conséquences positives, les deux partis se préparant pour une cohabitation difficile qui devrait déboucher sur un immobilisme politique susceptible d'être particulièrement dangereux pour les mesures économiques. Par ailleurs, la victoire des Républicains signifie qu'ils ne seront aussi tenus pour responsables de la situation aux prochaines élections de 2012.
En fait, étrangement, la situation est relativement banale d'un point de vue politique. Certains analystes ont parfois trouvé étrange qu'Obama commence son mandat par sa réforme la plus ambitieuse et la plus controversée. Mais une connaissance fine de la politique américaine semble bien lui donner raison. Non seulement la réforme du système de santé résistera à la victoire Républicaine d'hier, mais les Démocrates ont toutes les chances de pouvoir reprendre la Chambre des Représentants en 2012.
Si Obama a pris un pari, celui-ci est gagné.
Sources:
The New York Times: G.O.P. Captures House, but Not Senate
The New York Times: In Republican Victories, Tide Turns Starkly
The New York Times: Republican Party Time
Le Monde: Les républicains majoritaires à la Chambre, les démocrates conservent le Sénat
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