dimanche 31 octobre 2010

Les "anti-tea party" maintenant...

Les modérés descendent à leur tour dans la rue pour railler les tea parties. A quelques jours des mid-term elections, de nombreux Américains n'ont pas hésité à envoyer un signal fort pour contre-attaquer les conservateurs.

Les analystes prédisent une défaite probable des Démocrates au Congrès, qui perdraient au moins la Chambre des Représentants, mais qui ont leurs chances en revanche pour conserver le Sénat.

On peut donc s'attendre à un blocage politique aux Etats-Unis, mais il est de coutume que le parti au pouvoir essuie un revers à mi-mandat.

A cette occasion, Le Monde nous donne de très bonnes photographies et analyses.





mercredi 27 octobre 2010

La métaphore comique du mois...

Le prix revient à Obama qui décrit l'économie américaine comme une voiture que les Républicains auraient conduit dans le fossé, et qu'ils n'aident pas à la remettre sur la route aujourd'hui...



mercredi 6 octobre 2010

Deux articles...

Image hébergée par servimg.com

Une juxtaposition intéressante dans Le Monde d'il y a quelques temps.

D'une part "Pourquoi nous sommes des économistes atterrés" par Philippe Askenazy et André Orléan (CNRS), Thomas Coutrot (Attac) et Henri Sterdyniak (OFCE - Sciences Po) qui rebutent le néo-libéralisme en ces termes:
Le logiciel "néolibéral" est toujours le seul présenté comme légitime, malgré ses échecs patents. Fondé sur un paradigme qui présuppose l'efficience des marchés notamment financiers, il prône de réduire les dépenses publiques, de privatiser les services publics, de flexibiliser le marché du travail, de libéraliser le commerce, les services financiers et les marchés de capitaux, d'accroître la concurrence en tout temps et en tout lieu...[...] Ces mesures sont irresponsables d'un point de vue politique et social, et même au strict plan économique, puisqu'elles vont maintenir les pays européens dans la récession. [...] En tant qu'économistes, nous sommes atterrés de voir que ces politiques sont toujours à l'ordre du jour et que leurs fondements théoriques ne sont pas publiquement remis en cause.
[Notons que cette analyse est, dans ses grandes lignes, partagée par les prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et Paul Krugman]

D'autre part "Se réconcilier avec la "valeur travail"" par Robert Rochefort, sociologue et député européen MoDem, pour qui les troubles actuels viennent d'un divorce entre les français et le travail:
Le refus de travailler plus longtemps n'est rien d'autre que l'expression de la lassitude voire du désarroi face au travail lui-même tel qu'il est vécu dans notre pays. Cela vient des évolutions récentes et se nourrit de l'ambiguïté des courants philosophiques qui ont construit notre pensée au fil de l'histoire. [...] D'un côté, les pays libéraux, où chacun doit par son travail faire prospérer ses talents. [...] De l'autre, une conception plus nuancée dont la France est le pays emblématique où cohabitent vision critique et principe de réalité avec, pour chaque individu, une position qui dépend de sa situation face à l'emploi. [...] Le travail doit redevenir pour le plus grand nombre l'un des pôles enrichissants de la vie personnelle. Lorsqu'on juge que "la vraie vie est ailleurs", et c'est souvent le cas, le travail est un échec et l'on souhaite s'en libérer le plus tôt possible. Le véritable projet pour demain, c'est de refonder le travail comme acte créateur pour tous, parfois même source de bonheur comme contrepartie de l'effort et de l'abnégation qu'il nécessite.

Ces deux articles sont intéressants car ils montrent deux grands courants de pensée qui s'affrontent à l'heure actuelle, tout en se plaçant sur deux plans légèrement différents.
La première analyse est essentiellement politique et économique: elle s'attaque au dogme libéral et cherche à protéger l'Etat-providence contre les réformes actuelles en s'opposant à la rigueur budgétaire.
La seconde est exclusivement sociologique: elle dépeint l'opposition aux réformes comme un malaise social, provenant notamment d'une relation complexe (et négative) des français au travail.

Le premier paradigme tourne donc autour du sauvetage (ou de la destruction) de l'Etat-providence, et est repris en première page dans le Courrier International du 23 au 29 septembre dernier. Il oppose la social-démocratie (incarnée par l'historien britannique Tony Judt) au libéralisme (incarné par le journaliste économique Anatole Kaletsky).

Image hébergée par servimg.com

Le second paradigme est plus difficile à définir, tout en étant particulièrement bien instrumentalisé par la droite. Il relève d'une société qui, ayant du mal à se définir par des valeurs positives, va avoir tendance à se définir par ce qu'elle rejette. Ce malaise, dont la France n'a pas l'exclusivité loin de là, est le propre des sociétés modernes dans laquelle les individus peinent à se construire une identité collective. Peuvent être mis en cause une défiance face à la mondialisation (voir à la construction européenne), une perte de confiance en les politiques, et une remise en questions des principes et des valeurs nationaux.

Il faut dire que les repères traditionnels s'effacent les uns après les autres. Traditionnellement à tendance socialiste, la France et sa population vivent mal une transition vers une économie et une société "de marché" dans lequel l'individu doit s'assumer sans le soutien assuré de la collectivité en cas de difficultés. S'ensuivent donc des craintes et des oppositions face à cette évolution présentée comme inéluctable, mais aussi une crise identitaire quant au sens même de la nation, puisqu'elle n'est plus protectrice des citoyens.

Dans ces débats, ce qui est surtout frappant, c'est le manque de clarté, et tout particulièrement chez les politiques. A gauche comme à droite on évite soigneusement de lier les grandes questions politico-économiques de notre époque aux problèmes sociaux et identitaires, comme si finalement les réformes et la crise économique existaient dans un univers abstrait, et que l'identité française n'était que question d'immigration ou d'intégration, et non de solidarité sociale.

Au-delà de la facilité, il y a aussi un opportunisme: à l'UMP, on flatte l'électorat de l'extrême-droite en espérant que les réformes seront ainsi digérées dans le climat négatif ambiant, au PS on cache pudiquement son adhésion au néo-libéralisme derrière des critiques sans substance, puisque sans bagage théorique. Si le paysage politique et social est à la fois vide de constructif et plein de "débats" superficiels, c'est bien que la gauche n'a pas encore proposé "sa" vision de ce que peut être la France, son alternative à la vision "droitiste".

Image hébergée par servimg.com

L'alternative devra pourtant apparaître quelque part. Si l'Europe rend difficile une opposition frontale au libéralisme économique, elle n'implique pas un renoncement complet de la solidarité sociale "à-la-française". Bien au contraire, redéfinir cette solidarité, ses principes, ses possibilités, et ce même dans l'adversité, c'est aussi ça redéfinir la France. Face à l'individualisme et l'autonomie (self-reliance) prônés par le libéralisme, on peut encore chercher des solutions dans le collectif.

La Grande-Bretagne de David Cameron semble vouloir ainsi créer une "big society" dans laquelle les compétences de l'Etat seraient transférées à des collectivités ou des associations locales, basées sur... le volontariat. Autrement dit, de remplacer les fonctionnaires par des bénévoles. Ou comment (par)achever la mise à mort de l'Etat-providence, et vider de son sens le concept même de nation.

La France de N.Sarkozy prend le même chemin, mais plus timidement, du fait même de l'impopularité des libéraux dans notre pays. Reste que l'idée d'une "autre société", fut-elle "big" à-la-Cameron ou "great" à-la-Lyndon Johnson, a ses mérites si elle permet effectivement de redéfinir l'idée même de collectivité. Mais plutôt que de recréer une société parallèle, une reconquête des structures locales (de la municipalité à la région) par l'activisme politique des individus, permettrait déjà de redonner un sens au collectif.

On tombe dans le paradoxe de nombreux pays développés: bien souvent les populations perdent progressivement leur intérêt pour la politique, et leur confiance dans leurs représentants. En temps de crise, ces attitudes se retournent contre eux par l'intermédiaire de réformes préparées hâtivement (dans l'opportunisme des crises), et traduisent souvent plus l'adhésion des élites au dogme libéral plutôt que la recherche de l'intérêt des populations, justifiant ainsi largement la défiance au politique.

Pour briser le cercle vicieux, la première étape serait donc de redéfinir l'action citoyenne. D'une part, un activisme collectif a des chances (au moins) d'influencer les partis politiques. D'autre part, si les populations sont réellement attentives aux décisions politiques (et non par le simple intermédiaire des grands médias), cette attention incitera les représentants du peuple à être dignes de leur fonction.
Utopique? Certes. Mais chaque grève, chaque manifestation, chaque symptôme du malaise, augmentent les chances de voir apparaître une alternative citoyenne à la "politique politicienne" incapable d'adresser les problèmes de la population.


Sources:
Le Monde: Pourquoi nous sommes des économistes atterrés
Le Monde: Se réconcilier avec la "valeur travail"
Le Monde: Joseph Stiglitz dénonce les politiques d'austérité menées en Europe
Le Nouvel Observateur: Le nouveau malaise français
Le Figaro: Le plan de Cameron pour alléger l'État
Mediapart: La société selon David Cameron

mardi 5 octobre 2010

Regards croisés sur le 11 septembre

Cette semaine je serai au colloque du laboratoire LERMA à Aix-en-Provence pour le colloque intitulé "Regards croisés sur le 11 septembre" où j'aurai l'honneur (et la lourde tâche) d'introduire la partie sur les dérives institutionnelles, autrement dit d'être le premier à parler!

Le programme sur le site de l'Université de Provence.

Image hébergée par servimg.com

Ma présentation s'intitulera "Le 11 septembre comme acte de guerre" en référence à ce gros titre de USA Today du 12 septembre 2001, et retracera la vision des attentats comme un casus belli permettant de nouvelles politiques intérieures et extérieures pour les Etats-Unis.
Au-delà de l'aspect purement politique, elle s'attachera à insister sur le traumatisme des images qui s'est ajouté au nombre des victimes pour faire du 11 septembre une déclaration de guerre.

dimanche 3 octobre 2010

Un peu d'humour... (?)

Avec cette vidéo de Christine O'Donnell, candidate des Républicains au siège de sénateur du Delaware. O'Donnell, soutenue notamment par Sarah Palin ou la National Rifle Association, est entre autres célèbre pour ses campagnes en faveur de l'abstinence sexuelle. On la retrouve donc dans cette vidéo à défendre l'idée que la masturbation est interdite par la bible.



Cela serait sans doute drôle si cette membre du Tea Party Movement n'était pas finalement une candidate sérieuse, et susceptible d'avoir un jour une influence politique très concrète.

Les "Tea Partiers" sont aujourd'hui reconnus comme étant une façade populiste (et populaire) pour l'apparition d'un nouveau mouvement ultra-conservateur financé entre autres par les frères Koch ou Rupert Murdoch (de Fox), en d'autres termes le mouvement est piloté par des capitaines d'industrie désireux de combattre l'administration Obama et ses politiques.

Les raisons principales en sont simples: O'Donnell, comme la plupart des candidats de la droite "économique" souhaite avant tout combattre les impôts pour laisser plus de possibilités d'investissement aux entreprises. On comprend l'intérêt qu'elle peut avoir pour les industriels. Notons aussi, que de tels mouvements existent aussi en Europe. Par exemple "Le Cri".

La popularité d'O'Donnell n'a pas à surprendre. Si ses prises de position contre l'avortement, la pornographie ou la théorie de l'évolution peuvent étonner en France, ce sont des classiques pour la droite américaine, particulièrement résurgente sous la présidence Obama.

Au-delà de l'aspect presque comique de ce possible "troisième parti", il faut se rappeler qu'en Europe aussi la droite a recours à des thèmes "classiques" pour conquérir ou conserver le pouvoir. Citons notamment l'immigration ou le terrorisme, qui font toujours recette auprès de l'électorat populaire.

Sources:
The New York Times: The Very Useful Idiocy of Christine O’Donnell
The New York Times: Third Party Rising
Mediapart: Pire que Sarah Palin ? Christine O'Donnell !