mercredi 3 novembre 2010
Victoire républicaine
Un mot sur la victoire annoncée des Républicains aux mid-terms d'hier. Bien que le parti d'Obama essuie un revers, celui-ci est à nuancer de plusieurs manières.
Pour commencer la situation est loin d'être inhabituelle pour un premier mandat présidentiel. Le mouvement de balancier des électeurs existe aux Etats-Unis comme ailleurs, et le parti d'opposition peut facilement gagner des points en période difficile, et plus encore si le parti au pouvoir a mené une réforme difficile et/ou impopulaire.
Ensuite, les Républicains sont loin d'enregistrer une victoire totale. Si la Chambre des Représentants leur est désormais acquise, il n'en est pas de même du Sénat, ce qui lui enlèvera donc tout pouvoir. En parallèle, les Démocrates parviennent à sauver les meubles dans de nombreux Etats, et même à gagner la gouvernance des Etats de New York et Californie.
L'impopularité de l'action d'Obama, et en particulier la réforme du système de santé, n'est pas si évidente. Si les électeurs ont manifesté leur inquiétude devant les dépenses de l'Etat, ils sont une large majorité à ne pas réclamer le retrait de la réforme phare d'Obama, et donc à ne pas véritablement soutenir les positions du tea party. Il s'agit donc plutôt d'un vote "alarmiste", cherchant à manifester l'inquiétude devant la situation économique, que d'un vote "sanction", cherchant à pénaliser le président.
La volonté des Américains de "revenir vers le centre" semble indéniable. Il est peu probable cependant qu'elle ait des conséquences positives, les deux partis se préparant pour une cohabitation difficile qui devrait déboucher sur un immobilisme politique susceptible d'être particulièrement dangereux pour les mesures économiques. Par ailleurs, la victoire des Républicains signifie qu'ils ne seront aussi tenus pour responsables de la situation aux prochaines élections de 2012.
En fait, étrangement, la situation est relativement banale d'un point de vue politique. Certains analystes ont parfois trouvé étrange qu'Obama commence son mandat par sa réforme la plus ambitieuse et la plus controversée. Mais une connaissance fine de la politique américaine semble bien lui donner raison. Non seulement la réforme du système de santé résistera à la victoire Républicaine d'hier, mais les Démocrates ont toutes les chances de pouvoir reprendre la Chambre des Représentants en 2012.
Si Obama a pris un pari, celui-ci est gagné.
Sources:
The New York Times: G.O.P. Captures House, but Not Senate
The New York Times: In Republican Victories, Tide Turns Starkly
The New York Times: Republican Party Time
Le Monde: Les républicains majoritaires à la Chambre, les démocrates conservent le Sénat
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