mercredi 20 août 2008

Vers une nouvelle Guerre Froide?

Suite à l'invasion de la Géorgie par la Russie, une question récurrente se pose chez les spécialistes occidentaux: la Guerre Froide s'est-elle vraiment terminée?

Les contributions du jour dans le New York Times laissent à penser que non.

Thomas Friedman, le multi-pullitzer-isé rappelle avec pertinence que la stratégie américaine à la suite de l'effondrement de l'Union Soviétique reposait largement sur un élargissement de l'OTAN jusqu'aux portes de la Russie. Autrement dit, il s'agissait de contenir la Russie de la même façon que l'on avait contenu l'Union Soviétique.
De son coté, Gorbachev en personne rappelle que les Etats-Unis ont continuellement traité la Russie avec condescendance: en soutenant l'indépendance du Kosovo, en abrogeant le traité ABM (anti-missiles balistiques) ou (justement) en élargissant l'OTAN, sans que la Russie puisse elle-même y adhérer.
Dans un tel contexte, le fait que la Russie puisse utiliser sa force militaire pour défendre ses intérêts n'est guère surprenant. Après tout, les intérêts russes sont largement ignorés par les américains. Le dédain affiché de Poutine pour les lois ou les institutions internationales n'est que le reflet de celui de W.Bush et des conservateurs américains en général.

Image hébergée par servimg.comDessin de Maester. Retrouvez le sur son blog à l'adresse suivante: http://maester.over-blog.com/


L'ironie dans tout cela est qu'un tel état de fait, loin de desservir les conservateurs de tous poils, ne fait qu'augmenter leur popularité. N'a-t-il pas été dit qu'une nouvelle attaque terroriste offrirait la présidence américaine sur un plateau à McCain? A défaut, comme le dessine Maester, une petite Guerre Froide marche aussi.

mardi 19 août 2008

John McCain

Après ce bref silence pendant mes vacances dans le sud, j'ai décidé de vous faire un petit article sur cet illustre inconnu: John McCain.

Image hébergée par servimg.com

Avec la obamania dont est saisie l'Europe, on oublie (encore et encore) que l'élection est encore loin d'être gagnée pour les démocrates. Fort heureusement, une petite série d'articles sur McCain dans le New York Times permet de mieux cerner le personnage.

Alors qui est John McCain? A 72 ans, ce vénérable sénateur se présente volontiers comme un conservateur traditionnel. De notre coté de l'atlantique, il serait aisé de le voir comme un personnage plus raisonnable que W.Bush, moins extrême quant à l'implication américaine au Moyen-Orient et plus éloigné du lobby pétrolier.

Il n'en est rien.

S'il y a une chose à retenir de John McCain, c'est qu'il est parfaitement dans la continuité de W.Bush, qui l'a d'ailleurs devancé à l'investiture républicaine de l'an 2000. En bon républicain, il est hostile à l'avortement ou au mariage homosexuel. Il soutient fermement le second amendement (le droit de posséder les armes à feu) et la peine de mort. Après s'être récemment prononcé en faveur de la prospection pétrolière au pôle nord, il a reçu un soutien financier colossal de la part des industries pétrolières. Ce qui ne l'empêche pas d'être lui-même très riche: sa femme est (entre autres) la présidente de Budweiser.

Image hébergée par servimg.com

On aurait pu espérer que les républicains se seraient distancés des politiques désastreuses de l'administration Bush. Mais McCain a toujours été le premier à soutenir l'interventionisme américain au lendemain de 9/11. De fait, en septembre 2001 il était un des sénateurs les plus médiatisés car il appelait les Etats-Unis à riposter contre tous les pays potentiellement alliés aux terroristes d'Al Qaida, notamment l'Irak, l'Iran et la Syrie. Il a constamment soutenu l'invasion de l'Irak et la destitution de Saddam Hussein. Loin d'être distant des néo-conservateurs, il affirmait après l'élection de W. Bush qu'il aurait également choisi Dick Cheney comme vice-président. Interrogé récemment sur sa définition du "mal", et la façon de le confronter, McCain continue à parler de l'islamisme et à rendre hommage aux soldats américains actuellement sous les drapeaux. A titre de comparaison, Obama préfère parler du "mal" fait avec "de bonnes intentions", une façon prudente de condamner l'aventurisme militaire.

Connu pour son tempérament un tantinet sanguin, McCain est un homme qui n'a pas peur d'utiliser la force militaire pour défendre les intérêts américains. N'a-t-il pas mentionné qu'il lui paraissait envisageable d'utiliser l'arme atomique contre l'Iran? Mais au fond du fond ce qui est le plus remarquable chez John McCain, c'est encore qu'il talonne Obama dans les sondages. Après tout, être candidat à la Maison Blanche quand on est noir, ce n'est pas encore une partie de plaisir...

vendredi 1 août 2008

Dollar et symboles

Un ami m'ayant offert un billet d'un dollar après être récemment passé en Floride, j'ai eu l'idée de m'aventurer à parler symboles.

Image hébergée par servimg.com

Le billet d'un dollar actuel a été conçu en 1935 et approuvé par Franklin Delano Roosevelt. Sur un coté on retrouve le visage de Georges Washington, le généralissime des armées américaines pendant la guerre d'indépendance, qui devint rapidement le premier président des Etats-Unis. De l'autre on trouve une iconographie quelque peu mystérieuse intitulée "Grand sceau des Etats-Unis", plus ancienne puisque crée en parallèle de la constitution américaine par une série de comités auxquels participa notamment Benjamin Franklin.

Image hébergée par servimg.com

La présence de l'Oeil de la Providence sur le dollar a conduit à des théories particulièrement fantaisistes sur le pouvoir des sociétés secrètes aux Etats-Unis, car il s'agit d'un symbole utilisé notamment par les francs-maçons. De plus, un grand nombre de pères fondateurs et de présidents américains étaient des francs-maçons. Citons par exemple Franklin ou Washington, mais également F. D. Roosevelt ou Harry Truman.

De fait, l'Oeil omniscient est un symbole utilisé depuis l'antiquité pour représenter la providence divine ; les égyptiens représentaient ainsi l'Oeil d'Horus, le dieu faucon. L'Oeil représente le regard bienveillant de dieu sur les entreprises humaines. Sur le dollar américain il domine une pyramide inachevée de treize étages représentant les treize états originels des Etats-Unis. Le fait que la pyramide soit inachevée indique que les Etats-Unis sont destinés à s'agrandir et prospérer ; la pyramide elle-même représente la stabilité et l'endurance.
La phrase en latin "Annuit Coeptis" signifie qu'une "entreprise" est "approuvée", et signifie elle aussi que dieu en personne favorise le développement des Etats-Unis. L'autre latinisme "Novus Ordo Seclorum" veut dire "un nouvel ordre des siècles" ou "un nouvel ordre dans l'histoire" et signifie la croyance que la démocratie sera in fine adoptée dans le monde entier.
Le chiffre romain à la base de la pyramide est "1776", l'année de la déclaration d'indépendance, qui est donc le point de départ de cette nouvelle nation.

L'oeil dominant la pyramide est donc un puissant symbole de l'exceptionnalisme américain. L'image symbolise à la fois la place à part des Etats-Unis dans le choeur des nations car proches de dieu, et la foi dans l'universalisme des valeurs de la révolution américaine.
Pour autant c'est une image très utilisée dés que l'on souhaite attirer la bienveillance de dieu sur une entreprise. Citons par exemple la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, ou bien la cathédrale d'Aachen en Allemagne.

Image hébergée par servimg.com

L'autre coté du Grand Sceau est plus facile à déchiffrer: l'aigle à tête blanche, symbole des Etats-Unis, tient dans sa serre droite le rameau d'olivier symbole de paix, et dans sa serre gauche treize flèches pour les treize Etats originels représentant la puissance militaire. Alors que l'aigle regardait vers sa gauche à l'origine, Truman le fera regarder vers sa droite à partir de 1945, et donc vers le rameau d'olivier, pour symboliser la volonté des américains de préserver la paix après la seconde guerre mondiale.
L'aigle est protégé par un bouclier sur lequel figurent treize bandes verticales (toujours pour les Etats originels) dominée par une large bande bleue représentant le Congrès. Le fait que le bouclier ne soit pas tenu ou soutenu est supposé montrer l'autonomie des Etats-Unis.
L'aigle tient dans son bec une des devises américaines: "E pluribus unum", qui peut se traduire par "un à partir de plusieurs", et donc la création d'une nation fédérale à partir des treize états. Cette devise sera ensuite utilisée pour souligner la diversité culturelle des Etats-Unis, une nation d'immigrants désireux de devenir citoyens américains.
Les treize étoiles au-dessus de la tête de l'aigle forment non pas un pentagramme (étoile à cinq branches), mais une étoile de David (étoile à six branches), et rappelle que les premiers américains se voyaient comme des enfants d'Israël.

On peut comprendre comment le citoyen américain lambda, pour qui le latin est particulièrement obscur et le symbolisme de la pyramide ou de l'oeil omniscient vite associé à des croyances païennes, va voir ce billet comme le fruit d'une conspiration bien organisée. Pourtant, des trois comités chargés de concevoir le Grand Sceau, seul Franklin était franc-maçon, et l'essentiel de ses idées ne furent pas retenues. Quant à la fréquence à laquelle des francs-maçons deviennent président des Etats-Unis, elle illustre plutôt la ferveur religieuse des américains.

Un poil d'humour...

Parce qu'elle m'a fait rire quand je suis tombé dessus, cette petite image sur la guerre en Irak...

Image hébergée par servimg.com