La date approche pour la célébration des 200 ans de l'anniversaire de Darwin et les 150 ans de la publication de l'Origine des Espèces. Voici donc notre programme, ainsi qu'un lien vers le site web de la manifestation.
Darwin 200 ans : Entre sciences et humanités.
Une journée interdisciplinaire de diffusion de l'année Darwin organisée par des doctorants de la Sorbonne et de Jussieu.
Lieu et date :
Samedi 4 avril de 9h45-17h
à l'Ecole normale supérieure, 29 rue d'Ulm,
Deuxième étage, Salles 236, 235
2 conférenciers d'exception et plus de 20 présentations de posters par des doctorants et des jeunes chercheurs
10h Michel Morange "Relire Darwin: le meilleur moyen de défendre la théorie de l'evolution"
16h Guillaume Lecointre, "Difficultés de l'enseignement de la théorie de l'évolution"
Avec la participation de:Clementine Delan-Forino, Elie Desmond, Fabienne Gallaire, Orianne Philippe, Pierre Sans-Joffre, Frédérique Théry, Antonine Nicoglou, Mercedes Gomez Garcia Plata, Eva Touboul-Tardieu, Nicolas Brault, Camille Legrand, Jean Baptiste Grodwohl, Jacob Maillet, Elodie Baget, Livio Riboli-Sasco, Claude Loverdo, Olivier Morin, Héctor Zenil, Pierrick Bourrat, Florian Cova, Eric Charmetant, Edouard Pacaud, Johannes Martens, Edouard Kleinpeter et Hugo Viciana
Organise: CIES Sorbonne - CIES Jussieu
Inscription recommandée: DarwinSorbonne2009@gmail.com
Site Web: http://sites.google.com/site/darwinsorbonne/Home
Voir le Fichier : affiche_Darwin.pdf
samedi 28 mars 2009
jeudi 26 mars 2009
Le style Obama
Cette image n'a rien d'anodine: durant la campagne présidentielle, Barack Obama a été particulièrement attentif à ne jamais se faire prendre en photo avec un verre ou une cigarette à la main (il a arrêté de fumer en 2007).
Mais depuis quelques mois les Obamas sont vus un peu partout dans Washington D.C., profitant de quelques sorties en famille comme un couple ordinaire.
Bien sûr, il y a les calculs politiques: humaniser un politicien aux vertus presque inhumaines, rendre plus accessible la politique présidentielle, laisser les Américains s'identifier à leur président...
Mais on ne peut s'empêcher d'y voir plus que cela car, même si cette humilité est calculée, elle reste aux antipodes du style "habituel" des présidents Américains. Le "style" Obama, c'est peut-être aussi de rester ordinaire tout en gérant le plus puissant pays au monde, un symbole de plus pour rompre avec l'élitisme.
L'image du jour
La misère frappe les Etats-Unis de plein fouet. Dans un pays où les aides et protections sociales ont été réduites au minimum par plusieurs décennies de politiques conservatrices, la crise transforme de nombreux Américains en mendiants.
Source:
The New York Times: Cities Deal With a Surge in Shanty Towns, 26/03/09
Source:
The New York Times: Cities Deal With a Surge in Shanty Towns, 26/03/09
vendredi 13 mars 2009
La fin programmée de l'éducation républicaine
Un texte de loi introduit à l'Assemblée Nationale remet officiellement en cause la gratuité de l'enseignement supérieur public! Ce changement est censé se faire... au nom de l'égalité et du droit à l'enseignement! On lit ainsi que:
Cette proposition de loi est bien réelle et s'appuie sur le rapport de l'EDHEC (école de commerce Lilloise) sur les prêts étudiants. Ce rapport prétend que ces prêts "ne contribuent pas à une augmentation des inégalités socio-économiques". Nos députés souhaitent donc que les étudiants Français s'endettent afin d'avoir accès à l'université!
On ne peut qu'être surpris quand on connaît l'abondance de littérature sur l'effet catastrophique de ces mesures dans les pays anglo-saxons. Bien évidemment les inégalités socio-économiques sont considérablement accrues par un tel système. Nombreux sont les jeunes à tout simplement renoncer aux études supérieures pour ne pas s'endetter. Par exemple cet article du Guardian Britannique de Février 2008 au titre lapidaire: "Les frais universitaires favorisent les riches" (Tuition fees favour the rich). Ou encore cet article de USA Today de 2006: "Les étudiants suffoquent sous des dizaines de milliers [de dollars de dettes] en prêts [étudiants]" (Students suffocate under tens of thousands in loans).
Mais surtout en période de crise, une abondance d'articles décrit les difficultés des universités "autonomes" à faire face à la dimension économique. Harvard, Yale, Cambridge... les plus grands noms de l'université dans le monde sont aujourd'hui contraints de licencier massivement, de faire des sacrifices monstrueux en termes de recherche. Au Royaume-Uni le gouvernement a même récemment décidé de pénaliser les universités qui accueilleraient "trop" d'étudiants dans les deux années à venir!
Mais c'est l'Union Européenne, contre l'avis des syndicats étudiants, qui a décrété que l'éducation payante (et autonome) était un gage "d'équité et de motivation" pour les étudiants. Motivation, certes. Mais où est l'équité?
Ces décisions vont à l'encontre du principe républicain de l'égalité. Egalité des chances, mais aussi égalité des hommes face au système économique.
Ces mesures seront peut-être votées un jour. Elles l'ont déjà été aux Etats-Unis, en Australie ou en Grande-Bretagne. Contre toute logique, alors même que la crise et les analyses démontrent l'absurdité de la néo-libéralisation de l'éducation, ces mesures deviendront réalité grâce à l'indifférence générale. Elles favoriseront les couches aisées de la population en s'attaquant à des acquis sociaux pour lesquels de nombreux hommes se sont battus.
Elles ressuscitent ainsi la lutte des classes de façon odieuse en pervertissant les notions d'équité ou d'égalité.
Sources sur les réformes en France:
Le Monde: Université : "M. Sarkozy a donné aux réformes un éclairage inquiétant". 13.03.09
Le Monde: "Le gouvernement fait un geste sur la formation des enseignants". 12.03.09
Le Monde: "Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde" 12.03.09
Libération: "Non à la Star’Fac". 12/03/09
Sources sur les difficultés actuelles des universités anglo-saxonnes:
The Wall Street Journal (Education): "College Endowments Plunge". 27/01/09
The New York Times: "Endowment Director Is on Harvard’s Hot Seat". 20/02/09
The Guardian: "Cash-strapped ministers freeze university expansion". 22/01/09
The Guardian: "Top universities face cuts in research funding". 05/03/09
Sources sur le coût considérable des études dans les pays anglo-saxons:
The New York Times: "Rethinking College Prep Costs in Tough Times". 27/02/09
USA Today: "Students suffocate under tens of thousands in loans". 22/02/06
BBC News: "Q&A: Student fees". 16/02/09
The Guardian: "Tuition fees favour the rich -new study". 14/02/08
Sources sur la proposition de loi 1391:
Proposition de loi de Mme Sophie Delong relative à la création du prêt étudiant garanti par l’État et à remboursement différé et conditionnel.
Le rapport de l'EDHC de Lille.
Force est toutefois de constater que ce sont les enfants issus de milieux favorisés qui profitent du système public d'enseignement supérieur financé par la collectivité.
La situation est aujourd'hui devenue préoccupante en France : notre pays dépense deux fois moins en aides pour les étudiants que l'Allemagne et la Belgique et huit fois moins que le Danemark ou la Norvège. Par ailleurs, la dépense par étudiant est passée de 5 414 euros en 2001 à 5 268 euros en 2005, ce qui prouve la nécessité de prévoir des formes complémentaires de financement de l'enseignement supérieur.
Cette proposition de loi est bien réelle et s'appuie sur le rapport de l'EDHEC (école de commerce Lilloise) sur les prêts étudiants. Ce rapport prétend que ces prêts "ne contribuent pas à une augmentation des inégalités socio-économiques". Nos députés souhaitent donc que les étudiants Français s'endettent afin d'avoir accès à l'université!
On ne peut qu'être surpris quand on connaît l'abondance de littérature sur l'effet catastrophique de ces mesures dans les pays anglo-saxons. Bien évidemment les inégalités socio-économiques sont considérablement accrues par un tel système. Nombreux sont les jeunes à tout simplement renoncer aux études supérieures pour ne pas s'endetter. Par exemple cet article du Guardian Britannique de Février 2008 au titre lapidaire: "Les frais universitaires favorisent les riches" (Tuition fees favour the rich). Ou encore cet article de USA Today de 2006: "Les étudiants suffoquent sous des dizaines de milliers [de dollars de dettes] en prêts [étudiants]" (Students suffocate under tens of thousands in loans).
Mais surtout en période de crise, une abondance d'articles décrit les difficultés des universités "autonomes" à faire face à la dimension économique. Harvard, Yale, Cambridge... les plus grands noms de l'université dans le monde sont aujourd'hui contraints de licencier massivement, de faire des sacrifices monstrueux en termes de recherche. Au Royaume-Uni le gouvernement a même récemment décidé de pénaliser les universités qui accueilleraient "trop" d'étudiants dans les deux années à venir!
Mais c'est l'Union Européenne, contre l'avis des syndicats étudiants, qui a décrété que l'éducation payante (et autonome) était un gage "d'équité et de motivation" pour les étudiants. Motivation, certes. Mais où est l'équité?
Ces décisions vont à l'encontre du principe républicain de l'égalité. Egalité des chances, mais aussi égalité des hommes face au système économique.
Ces mesures seront peut-être votées un jour. Elles l'ont déjà été aux Etats-Unis, en Australie ou en Grande-Bretagne. Contre toute logique, alors même que la crise et les analyses démontrent l'absurdité de la néo-libéralisation de l'éducation, ces mesures deviendront réalité grâce à l'indifférence générale. Elles favoriseront les couches aisées de la population en s'attaquant à des acquis sociaux pour lesquels de nombreux hommes se sont battus.
Elles ressuscitent ainsi la lutte des classes de façon odieuse en pervertissant les notions d'équité ou d'égalité.
Sources sur les réformes en France:
Le Monde: Université : "M. Sarkozy a donné aux réformes un éclairage inquiétant". 13.03.09
Le Monde: "Le gouvernement fait un geste sur la formation des enseignants". 12.03.09
Le Monde: "Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde" 12.03.09
Libération: "Non à la Star’Fac". 12/03/09
Sources sur les difficultés actuelles des universités anglo-saxonnes:
The Wall Street Journal (Education): "College Endowments Plunge". 27/01/09
The New York Times: "Endowment Director Is on Harvard’s Hot Seat". 20/02/09
The Guardian: "Cash-strapped ministers freeze university expansion". 22/01/09
The Guardian: "Top universities face cuts in research funding". 05/03/09
Sources sur le coût considérable des études dans les pays anglo-saxons:
The New York Times: "Rethinking College Prep Costs in Tough Times". 27/02/09
USA Today: "Students suffocate under tens of thousands in loans". 22/02/06
BBC News: "Q&A: Student fees". 16/02/09
The Guardian: "Tuition fees favour the rich -new study". 14/02/08
Sources sur la proposition de loi 1391:
Proposition de loi de Mme Sophie Delong relative à la création du prêt étudiant garanti par l’État et à remboursement différé et conditionnel.
Le rapport de l'EDHC de Lille.
mardi 10 mars 2009
2008 - un tournant?
L'année 2008 sera-t-elle un tournant historique? La question a été posée par Thomas Friedman, le multi-pullitzer du New York Times.
La question peut paraître fort naïve en apparence, mais elle a une pertinence indéniable. Pour commencer les crises économiques au sens large du terme, même lorsqu'elles sont oubliées dans les méandres de l'histoire, n'en marquent pas moins l'histoire des idées, la littérature ou la politique. On peut citer de grandes oeuvres littéraires ou politiques qui n'ont vu le jour que par leur contexte socio-économique, des Raisins de la Colère (1939) aux oeuvres de Dickens en passant par Germinal ou l'incontournable Das Kapital.
Ensuite cette crise survient à un moment clé, précisément alors que les doutes sur le système néo-libéral et l'économie de marché se répandaient déjà de plus en plus.
La crise économique conduit donc à deux types d'interrogations. Un type superficiel, très "actuel", sur le système et ses méfaits, et un type plus profond, une interrogation "de fond" sur une possible nécessité de complètement réformer le système.
Friedman ne voit pas que l'économie: à son sens, la crise écologique a aussi été vécue "à crédit", dans le sens ou nous avons là aussi vécu au-dessus des moyens de notre planète. Dans les deux cas il va falloir appliquer des politiques responsables et cesser de voir à court terme. L'élection de Barack Obama, non seulement le premier président Américain noir mais aussi le premier depuis des décennies à remettre en question l'idéologie néo-libérale, achève de faire de 2008 un tournant historique digne de ce nom.
De fait les voix se sont élevées partout pour proclamer "la fin" de quelque chose. Ainsi le sociologue Américain Immanuel Wallerstein proclame-t-il rien de moins que "la fin du capitalisme":
Mais pourquoi une majorité de la population a-t-elle ainsi été obligée de s'endetter pour accéder à la consommation et la propriété? Aux sources du problème, cela n'illustre-t-il pas l'incapacité du système à s'auto-réguler, à redistribuer les richesses équitablement? Force est d'admettre soit que la société de consommation offre plus de produits que la majorité ne peut en consommer, soit que la majorité est sous-payée, ou plutôt "exploitée".
Voilà comment une crise économique met en lumière des vérités troublantes: Marx est encore d'actualité, le néo-libéralisme ne profite qu'à une minorité, la cupidité et le cynisme de quelques-uns ont des conséquences néfastes pour tous, l'histoire n'est pas finie.
Que de surprises.
Sources:
The New York Times: "The Inflection Is Near?", Par Thomas Friedman. 07/03/09
The New York Times: "Reviving the Dream", par Bob Herbert. 09/03/09
Le Monde: "Le capitalisme touche à sa fin". 11/10/08
Blog Rue89: "Avec la crise, Marx redevient capital", par François Krug. 15/10/08
Blog de David Harvey (professeur à l'Université de New York): "The Crisis and the Consolidation of Class Power". 06/03/09
La question peut paraître fort naïve en apparence, mais elle a une pertinence indéniable. Pour commencer les crises économiques au sens large du terme, même lorsqu'elles sont oubliées dans les méandres de l'histoire, n'en marquent pas moins l'histoire des idées, la littérature ou la politique. On peut citer de grandes oeuvres littéraires ou politiques qui n'ont vu le jour que par leur contexte socio-économique, des Raisins de la Colère (1939) aux oeuvres de Dickens en passant par Germinal ou l'incontournable Das Kapital.
Ensuite cette crise survient à un moment clé, précisément alors que les doutes sur le système néo-libéral et l'économie de marché se répandaient déjà de plus en plus.
La crise économique conduit donc à deux types d'interrogations. Un type superficiel, très "actuel", sur le système et ses méfaits, et un type plus profond, une interrogation "de fond" sur une possible nécessité de complètement réformer le système.
Friedman ne voit pas que l'économie: à son sens, la crise écologique a aussi été vécue "à crédit", dans le sens ou nous avons là aussi vécu au-dessus des moyens de notre planète. Dans les deux cas il va falloir appliquer des politiques responsables et cesser de voir à court terme. L'élection de Barack Obama, non seulement le premier président Américain noir mais aussi le premier depuis des décennies à remettre en question l'idéologie néo-libérale, achève de faire de 2008 un tournant historique digne de ce nom.
De fait les voix se sont élevées partout pour proclamer "la fin" de quelque chose. Ainsi le sociologue Américain Immanuel Wallerstein proclame-t-il rien de moins que "la fin du capitalisme":
La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu'alors, et l'on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer. Je réserve l'usage du mot “crise” à ce type de période. Eh bien, nous sommes en crise. Le capitalisme touche à sa finLes thèses alter-mondialistes ou marxistes sont plus que jamais d'actualité. Mais plus significatif encore, une réflexion s'est amorcée sur les bienfaits réels de l'économie de marché. Et de conclure que le système a profité avant tout à une minorité: entre 1980 et 2005 l'économie Américaine a presque doublé en volume, mais les revenus de la vaste majorité de la population ont en fait décliné. En parallèle l'endettement des classes ouvrières et moyennes devint si important qu'il fut "financialisé" (financialised), c'est-à-dire ouvert à la spéculation, avec les effets que l'on sait.
Mais pourquoi une majorité de la population a-t-elle ainsi été obligée de s'endetter pour accéder à la consommation et la propriété? Aux sources du problème, cela n'illustre-t-il pas l'incapacité du système à s'auto-réguler, à redistribuer les richesses équitablement? Force est d'admettre soit que la société de consommation offre plus de produits que la majorité ne peut en consommer, soit que la majorité est sous-payée, ou plutôt "exploitée".
Voilà comment une crise économique met en lumière des vérités troublantes: Marx est encore d'actualité, le néo-libéralisme ne profite qu'à une minorité, la cupidité et le cynisme de quelques-uns ont des conséquences néfastes pour tous, l'histoire n'est pas finie.
Que de surprises.
Sources:
The New York Times: "The Inflection Is Near?", Par Thomas Friedman. 07/03/09
The New York Times: "Reviving the Dream", par Bob Herbert. 09/03/09
Le Monde: "Le capitalisme touche à sa fin". 11/10/08
Blog Rue89: "Avec la crise, Marx redevient capital", par François Krug. 15/10/08
Blog de David Harvey (professeur à l'Université de New York): "The Crisis and the Consolidation of Class Power". 06/03/09
vendredi 6 mars 2009
Ground Zero
Au sud de Manhattan à coté des tours du Financial Center, "Ground Zero" est le vide laissé par l'effondrement des tours du World Trade Center en 2001. Ce sera bientôt le site de la Freedom Tower qui culminera à 541 mètres.
Times Square
Située à l'angle de la 42ème rue et de Broadway, Times Square est l'une des places les plus célèbres au monde, comparable à Shibuya à Tokyo ou Picadilly Circus à Londres. Nommée ainsi car étant autrefois le siège du New York Times, cette place est aujourd'hui l'un des lieux les plus touristiques de New York, célèbre pour les nombreux écrans publicitaires et les théâtres de Broadway.
jeudi 5 mars 2009
"Projets de merde"
Ces mots sont ceux du chef de l'Etat pour décrire les réformes de Valérie Pécresse. Rapportés par le Canard Enchaîné, N.Sarkozy aurait déclaré à sa ministre:
On n'a guère envie de le contredire sur ce point. Mais d'où viennent vraiment ces idées sur l'autonomie des universités? La réponse semble venir de l'étranger, de l'international même, dans des institutions où certaines thèses économiques prédominent. Ainsi l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques (OCDE) recommande-t-elle:
A première vue le nouveau modèle semble donc bien recommandé à la France de l'extérieur. La crise y joue d'ailleurs un rôle relativement mineur puisque les réformes furent lancées avant celle-ci.
La France va-t-elle donc si mal? C'est là une question difficile tant elle est politisée, et tout début de réponse peut difficilement être objectif. Une chose est sûre cependant: si les performances économiques de la France ou la rentabilité de ses systèmes de solidarité sociales sont discutables, sur le plan humain en revanche elle n'a jamais été autant citée en exemple pour le progressivisme de ses institutions. Ainsi un commentateur du New York Times voit-il en Obama un danger de "francisation" des Etats-Unis (sic) pendant qu'un autre analyse le désastre qu'est le système de santé privé Américain avec des coûts parfois deux fois plus élevés qu'au Canada ou en Europe -pour des frais de moindre qualité.
Y a-t-il donc un "impératif économique" à réformer? La question est encore une fois politique. Bien sûr le système Français semble être un poids économique autant qu'il est un progrès humain. Mais réformer n'est pas démanteler. Le professeur de Sciences Politiques Jean-Paul Fitoussi (IEP de Paris) rappelle ainsi que l'économie n'est pas une science, mais bien un système à part entière avec une éthique propre. La place qu'on lui donne dans une société est donc un acte politique ; à chaque Etat revient la tâche de lui donner une importance plus ou moins grande dans une société. Quant au capitalisme:
Mais si tout est politique, pourquoi les Français ne réagissent-ils pas, ne s'opposent pas à de telles transformations de leur pays? Force est d'admettre qu'il y là un consentement tacite de la population, et donc une évolution sociale autant que politique. C'est une vision nouvelle de la relation entre les individus et l'Etat qui est à la base de ces bouleversements sociaux.
Traditionnellement les Français se voyaient autrefois comme membres d'une société envers laquelle ils avaient quelques devoirs (notamment les impôts) en échanges de nombreux droits (par le service public). Au jour d'aujourd'hui une proportion croissante de la population rejette cette idée, préférant n'avoir ni droit ni devoir envers les institutions. Plus d'indépendance pour s'émanciper de la collectivité donc, ou plutôt, plus de liberté individuelle et moins de solidarité sociale. Ainsi, paradoxalement, alors que la France est l'un des pays les plus avancés au monde sur le plan social, ses habitant demeurent insatisfaits au point de cautionner un regain d'individualisme, espérant sans doute y gagner plus de liberté ou de respect à travers la marchandisation croissante de leurs activités.
Pour citer Grégoire Chamayou (doctorant en philosophie) qui cite Nietzsche "nous sommes entrés dans l’ère des marchands". Aucune activité ne saurait donc être épargnée par l'idée de rentabilité, mais aussi de valeur individuelle. Car dans l'ère des marchands chacun est en compétition avec son voisin, et les meilleurs sont (en théorie) récompensés. Même les chercheurs ont ainsi des classements, les médecins qui prescrivent le moins gagnent des primes... etc.
A l'évidence la résistance à cet état de fait est maintenant minime. La vaste majorité de la population l'a accepté comme un changement inéluctable, une évolution logique de la société.
Et les réformes dans tout ça? Finalement peu importe, puisque tout le monde est d'accord elles peuvent donc être des projets de merde.
Sources:
The New York Times: "One France Is Enough", par Roger Cohen. 04/03/09
The New York Times: "Franklin Delano Obama", par Nicholas D. Kristoff. 28/02/09
Le Monde: "La crise économique et l'éthique du capitalisme", par Jean-Paul Fitoussi. 02/03/09
Yahoo actualités: "Les remèdes très libéraux de l'OCDE pour la France". 03/03/09
L'Humanité: "Mobilisation maintenue dans les universités".
Site de la Mutualité Française: "Médecins généralistes : prescrire mieux pour gagner plus". 02/07/08
"Petits conseils aux enseignants-chercheurs qui voudront réussir leur évaluation", par Grégoire Chamayou sur Contretemps (revue en ligne)
Je ne veux plus voir les enseignants, les chercheurs et les étudiants dans la rue ! Fini le projet de décret. Fini aussi la suppression des IUFM. Vous me réglez ça. Vous vous couchez (…) De toute façon, ce n’étaient que des projets de merde.
On n'a guère envie de le contredire sur ce point. Mais d'où viennent vraiment ces idées sur l'autonomie des universités? La réponse semble venir de l'étranger, de l'international même, dans des institutions où certaines thèses économiques prédominent. Ainsi l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques (OCDE) recommande-t-elle:
[...] d'élargir l'autonomie des universités au-delà de ce qui a été réalisé en 2007, surtout pour la gestion budgétaire, le recrutement et la rémunération du personnel. Elle prône aussi de nouvelles mesures pour favoriser le financement privé des universités, en augmentant les droits de scolarité mais en proposant en parallèle des prêts étudiants remboursables en fonction du revenu ultérieur.
A première vue le nouveau modèle semble donc bien recommandé à la France de l'extérieur. La crise y joue d'ailleurs un rôle relativement mineur puisque les réformes furent lancées avant celle-ci.
La France va-t-elle donc si mal? C'est là une question difficile tant elle est politisée, et tout début de réponse peut difficilement être objectif. Une chose est sûre cependant: si les performances économiques de la France ou la rentabilité de ses systèmes de solidarité sociales sont discutables, sur le plan humain en revanche elle n'a jamais été autant citée en exemple pour le progressivisme de ses institutions. Ainsi un commentateur du New York Times voit-il en Obama un danger de "francisation" des Etats-Unis (sic) pendant qu'un autre analyse le désastre qu'est le système de santé privé Américain avec des coûts parfois deux fois plus élevés qu'au Canada ou en Europe -pour des frais de moindre qualité.
Y a-t-il donc un "impératif économique" à réformer? La question est encore une fois politique. Bien sûr le système Français semble être un poids économique autant qu'il est un progrès humain. Mais réformer n'est pas démanteler. Le professeur de Sciences Politiques Jean-Paul Fitoussi (IEP de Paris) rappelle ainsi que l'économie n'est pas une science, mais bien un système à part entière avec une éthique propre. La place qu'on lui donne dans une société est donc un acte politique ; à chaque Etat revient la tâche de lui donner une importance plus ou moins grande dans une société. Quant au capitalisme:
Son destin n'est pas écrit dans le marbre. C'est l'interdépendance entre l'Etat de droit et l'activité économique qui a donné au capitalisme son unité. L'autonomie de l'économie est une illusion, comme sa capacité à s'autoréguler.
Mais si tout est politique, pourquoi les Français ne réagissent-ils pas, ne s'opposent pas à de telles transformations de leur pays? Force est d'admettre qu'il y là un consentement tacite de la population, et donc une évolution sociale autant que politique. C'est une vision nouvelle de la relation entre les individus et l'Etat qui est à la base de ces bouleversements sociaux.
Traditionnellement les Français se voyaient autrefois comme membres d'une société envers laquelle ils avaient quelques devoirs (notamment les impôts) en échanges de nombreux droits (par le service public). Au jour d'aujourd'hui une proportion croissante de la population rejette cette idée, préférant n'avoir ni droit ni devoir envers les institutions. Plus d'indépendance pour s'émanciper de la collectivité donc, ou plutôt, plus de liberté individuelle et moins de solidarité sociale. Ainsi, paradoxalement, alors que la France est l'un des pays les plus avancés au monde sur le plan social, ses habitant demeurent insatisfaits au point de cautionner un regain d'individualisme, espérant sans doute y gagner plus de liberté ou de respect à travers la marchandisation croissante de leurs activités.
Pour citer Grégoire Chamayou (doctorant en philosophie) qui cite Nietzsche "nous sommes entrés dans l’ère des marchands". Aucune activité ne saurait donc être épargnée par l'idée de rentabilité, mais aussi de valeur individuelle. Car dans l'ère des marchands chacun est en compétition avec son voisin, et les meilleurs sont (en théorie) récompensés. Même les chercheurs ont ainsi des classements, les médecins qui prescrivent le moins gagnent des primes... etc.
A l'évidence la résistance à cet état de fait est maintenant minime. La vaste majorité de la population l'a accepté comme un changement inéluctable, une évolution logique de la société.
Et les réformes dans tout ça? Finalement peu importe, puisque tout le monde est d'accord elles peuvent donc être des projets de merde.
Sources:
The New York Times: "One France Is Enough", par Roger Cohen. 04/03/09
The New York Times: "Franklin Delano Obama", par Nicholas D. Kristoff. 28/02/09
Le Monde: "La crise économique et l'éthique du capitalisme", par Jean-Paul Fitoussi. 02/03/09
Yahoo actualités: "Les remèdes très libéraux de l'OCDE pour la France". 03/03/09
L'Humanité: "Mobilisation maintenue dans les universités".
Site de la Mutualité Française: "Médecins généralistes : prescrire mieux pour gagner plus". 02/07/08
"Petits conseils aux enseignants-chercheurs qui voudront réussir leur évaluation", par Grégoire Chamayou sur Contretemps (revue en ligne)
lundi 2 mars 2009
Le curieux cas d'Ann Webb
Juste une petite anecdote avec le curieux cas d'Ann Webb, une Américaine s'étant retrouvée sans le sous à Paris et sans aide de son consulat. Sans aucun contact aux Etats-Unis suceptible de l'aider (ses parents sont décédés, ses amis n'ont guère d'argent à prêter) elle va donc errer sans-abri dans les rues de Paris pendant plusieurs semaines. Lorsque Le Monde contacte finalement l'ambassade pour arranger son rapatriement, la conclusion surprend:
Une histoire trop romancée sans doute, et un cas particulier qui ne saurait être généralisé. Mais cela aide à relativiser.
"Ann Webb, Américaine et SDF à Paris", par Pascale Krémer. Le Monde 2, 20/02/09.
Ann Webb rêve désormais de trouver un travail, ici, en France. Même si c'est compliqué, qu'il lui faut apprendre la langue, faire des pieds et des mains pour obtenir des papiers. "Je suis tellement impressionnée par l'absence de violence. Je ne vois des policiers que pour garder la tour Eiffel, je ne croise personne avec un couteau. Je peux laisser mon sac par terre dans un magasin et le retrouver ! L'Amérique, croyez-moi, ce n'est pas ce que les gens pensent ici. Le coût de la vie est si élevé qu'il faut travailler très dur pour tout. Vous n'avez pas idée… A partir de Bush, cela n'a plus été comme sous Clinton. Tout le monde a deux boulots pour nourrir ses enfants. Le 'Land of opportunity', c'est fini !"
Une histoire trop romancée sans doute, et un cas particulier qui ne saurait être généralisé. Mais cela aide à relativiser.
"Ann Webb, Américaine et SDF à Paris", par Pascale Krémer. Le Monde 2, 20/02/09.
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