dimanche 3 mai 2009

Obama +100

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Le buzz continue autour de Barack Obama à l'occasion de la fin de ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche. A l'instar d'une célébrité du show-business, les photos du président "dans l'intimité" font le tour du monde à travers -notamment- internet.

Les critiques continuent à pleuvoir, en particulier ses dépenses budgétaires ou sa poignée de main avec Chavez, qui seraient symboliques d'un "socialisme" suspect aux yeux de nombreux américains.

Ou pas? Alors même que l'opposition paraît souvent importante, 81% des américains continuent à soutenir leur président alors que seulement 10 à 15% semblent être opposés à sa vision du rôle du gouvernement. En fait, Michael Moore l'avait déjà souligné: les américains sont parfois moins américains qu'on pourrait ne le penser. Pour la majorité, ils soutiennent l'aide aux plus démunis, la mise en place de mesures ou d'organisations fédérales pour soutenir la solidarité, l'éducation ou la culture. Globalement, seule une minorité est fermement religieuse au point d'opposer l'avortement ou le mariage homosexuel.

Alors pourquoi cette impression que les Etats-Unis acceptent mal Obama alors que tous les indicateurs démontrent le contraire? Sans doute parce parmi cette minorité de mécontents on trouve des magnats des médias et des journalistes ou des intellectuels influents, en d'autres termes des "faiseurs d'opinion" dont les idées sont largement écoutées. Cela fait déjà quelques décennies que les médias ont fortement tendance à véhiculer une image plutôt conservatrice de l'Amérique sous couvert de patriotisme ou de traditionalisme, et ce alors même qu'ironiquement ils sont accusés précisément de faire l'inverse. Certes, le New York Times semble encore fermement ancré à gauche, mais la pléthore de journaux, magazines ou chaînes de télévision aux mains de l'éthos conservateur n'est pas en diminution.

En d'autres termes, les 10 à 15% d'anti-Obama font beaucoup de bruit, tout simplement. Ils cherchent à provoquer des débats sur des mesures dont la nécessité devrait pourtant être irréfutable (comme sur l'économie). Leur succès avec l'opinion publique est pour l'heure limitée, mais tout faux pas d'Obama sera du pain béni pour leur campagne de dénigrement.

Le bruit autour du "+100" d'Obama est donc artificiel, voir largement superflu. Mais il montre ce qu'il se passe quand les médias, au lieu de s'astreindre à une éthique strictement professionnelle, cherchent à soutenir des points de vue finalement très politique. Car si le New York Times est si "gauchiste", à l'inverse le Wall Street Journal ou la National Review sont donc bien "droitistes". Et si l'ex-conseiller de "W" Bush, Karl Rove, juge qu'Obama "polarise" les Etats-Unis "plus que n'importe quel autre président depuis 40 ans", peut-être est-il tout simplement trop rapide à généraliser une polarisation essentiellement médiatique. "Diviser l'Amérique", voila une accusation sérieuse pour un président ; fort heureusement pour tout le monde, elle est également gratuite.

Sources:
The New York Times: "How Character Corrodes", par Maureen Dowd.
The New York Times: "Enough With the 100 Days Already", par Frank Rich
The Wall Street Journal: "The President Has Become a Divisive Figure", par Karl Rove

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