vendredi 27 février 2009
Obamanomics
(image de Maëster prise sur son blog)
Il y a une trentaine d'années de cela, Ronald Reagan instaurait aux Etats-Unis ce qui fut par la suite décrit comme des "Reaganomics", autrement dit un programme économique basé principalement sur une opposition au keynésianisme comme celle de l'école économique de Chicago. Les politiques de Reagan impliquaient notamment deux aspects:
- Diminuer les impôts pour les plus riches.
Cette idée est appelée "trickle-down" en anglais, et évoque le ruissellement de l'eau sur un mur ou une pyramide. Symboliquement elle représente l'idée qu'en donnant plus de moyens aux plus aisés, ceux-ci pourront investir dans l'économie et créer des emplois, disséminant ainsi leur richesse vers le bas de la pyramide. Il convient de noter que bien que cette théorie soit connue de tous aux Etats-Unis, elle ne repose sur aucune théorie économique fiable (pas même les théories de l'école de Chicago)
- Réduire le rôle de l'Etat.
Reagan allait lancer un ambitieux problème de "deregulations", autrement dit de suppression de réglementations ou d'interdictions (sur l'économie ou l'environnement notamment). Dans le même temps sa campagne contre les programmes de solidarité sociale au nom d'un combat contre les "welfare queens", -d'hypothétiques "profiteuses" des allocations ou aides sociales- allait considérablement réduire les dépenses sociales des Etats-Unis -au détriment des couches les plus pauvres de la population.
Reagan ne fut pas exempt de critiques: dans son propre camp George H.W. Bush parlait d' "économie vaudou" (voodoo economics), tandis que David Stockman, son directeur du budget, démissionna en 1986 et écrivit un livre pour dénoncer Reagan comme un "indécrotable optimiste" dont la politique fiscale était "ignorante et irresponsable".
Ces politiques dites de la "nouvelle droite" dominèrent pourtant les Etats-Unis durant presque trente ans, puisque pas même Bill Clinton ne les remit en question. En France le "paquet fiscal" de N.Sarkozy s'est beaucoup inspiré de telles mesures, y compris dans la rhétorique puisque des "profiteurs" des allocations et aides sociales ont aussi été évoqués.
On s'est beaucoup interrogé sur l'attitude d'Obama face à ce qui est officieusement devenu depuis trois décennies l'idéologie dominante aux Etats-Unis. Oserait-il rompre avec l'orthodoxie de pensée pour devenir (horreur!) un "socialiste" à l'Américaine? Ou bien se contenterait-il d'insister sur des mesures phares (comme le medicare) sans pour autant s'attaquer aux fondations du système Américain?
La réponse est d'aujourd'hui. Le nouveau budget d'Obama demande une augmentation d'impôts significative pour les plus aisés, tandis que toutes les autres couches de la population bénéficieront de réductions. De plus, plus de 600 milliards de dollars seront investis dans la sécurité sociale et une "taxe au carbone" (longtemps réclamée par les verts) sera enfin instaurée.
Le budget d'Obama doit encore être voté. A n'en pas douter la bataille sera longue et difficile pour faire voter un projet allant à l'encontre de ce qui a trop longtemps accepté et encouragé. Mais ces mesures sont très encourageantes. Elles montrent que les Etats-Unis sont capables de changer, de remettre en question des principes que l'on croyait gravés dans le marbre. Et alors qu'en France notre gouvernement voudrait nous faire croire que nous nageons à "contre-courant", le courant est en train de tourner. Pour une fois, les Etats-Unis amorcent des réformes fiscales et budgétaires plus sociales que celles commencées dans le même temps en France. Plus que jamais il faut garder un oeil sur ce qui se passe de l'autre coté de l'Atlantique, afin de ne pas louper le signe que finalement notre modèle est tout ce qu'il y a de plus viable.
Sources:
The New York Times (éditorial): "President Obama’s Budget: Some Honesty About Taxes — Finally". 27/02/09
The New York Times: "Climate of Change", par Paul Krugman. 27/02/09
The New York Times: "A Bold Plan Sweeps Away Reagan Ideas", par David Leonhardt. 27/02/09
The New York Times: "Book Assails Reaganomics". 07/04/1986
jeudi 26 février 2009
Faut-il être raciste? (2)
Une question appelle une réponse, et à peine celle-ci était posée qu'elle trouvait une réponse.
De fait, pourquoi parle-t-on de race déjà? Ou pour être plus précis, à qui profite l'accusation de racisme?
Si les coups de butoir contre la France "raciste" ou "discriminante" viennent parfois de la nouvelle droite, et si c'est N.Sarkozy qui a crée le "Ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire" il n'y a bien sûr pas de hasard. Pour bien comprendre l'utilité de la "question de la diversité", c'est parfois dans le langage qu'il faut chercher.
En apparence, il y aurait là de quoi faire les louanges du chef de l'Etat. Pourtant, en filigrane, un mot revient encore et encore: élites. Et finalement, l'existence d'élites "au sommet" finit par aller de soi. On finit par parler "d'égalité des chances" plutôt que d'égalité tout court. Le statut de boursier n'avait-il pas pour but de réduire les inégalités sociales, sans qu'il soit question de couleur de peau ou d'origine? En redéfinissant la notion d'égalité par la seule diversité, N.Sarkozy réécrit l'histoire.
Aux Etats-Unis aussi l'histoire a été réécrite. Ou a oublié que le mouvement des droits civiques avait aussi une couleur politique. Bobby Seale, cofondateur des Black Panthers déclarait ainsi:
Retour au jour d'aujourd'hui où la question est à présent de savoir si l'élection de Barack Obama représente un réel bouleversement social ou s'il n'est que le représentant d'un "capitalisme noir" qui légitimerait le système Américain et les inégalités qui en découlent. La question reste ouverte, car à peine avait-il "rassuré" les plus conservateurs aux Etats-Unis que ses dernières mesures représentent au contraire un changement radical dans l'idéologie Américaine.
Et pendant ce temps en France, faut-il parler de différences raciales ou ethniques? Faut-il parler de discrimination positive ou de réformes? Sans doute. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des nouvelles définitions. La justice sociale ne survient pas lorsque des fils ou petits-fils d'immigrés accèdent au pouvoir et à la richesse. Elle survient lorsque tous partagent le pouvoir et la richesse. Ce que l'égalité des chances dissimule, c'est qu'une chance n'est pas assez pour tout le monde.
Source:
"Liberté, fraternité... diversité?" par Walter Benn Michaels (professeur de littérature à l'Université de l'Illinois), Le Monde Diplomatique de février 2009.
"Politique : Sarkozy veut plus de diversité ethnique dans les élites", RFO, 27/11/08.
Discours de N.Sarkozy à l'école polytechnique, 17/12/08
De fait, pourquoi parle-t-on de race déjà? Ou pour être plus précis, à qui profite l'accusation de racisme?
Si les coups de butoir contre la France "raciste" ou "discriminante" viennent parfois de la nouvelle droite, et si c'est N.Sarkozy qui a crée le "Ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire" il n'y a bien sûr pas de hasard. Pour bien comprendre l'utilité de la "question de la diversité", c'est parfois dans le langage qu'il faut chercher.
Si nous ne mettons pas en oeuvre une politique profondément volontariste (...) alors jamais les élites au sommet ne ressembleront à la diversité à la base.
C'est par le critère social qu'il faut prendre le problème parce que les inégalités sociales englobent toutes les autres. [...] L'égalité réelle des chances c'est d'abord par l'école qu'elle passe. C'est la solution qu'avait choisie la IIIe République en créant le statut de boursier [ce qui a] permis à tant de fils d'immigrés pauvres de rejoindre en une ou deux générations les élites sociales, intellectuelles et politiques d'une République qui acceptait alors de regarder en face la réalité de ses inégalités.
En apparence, il y aurait là de quoi faire les louanges du chef de l'Etat. Pourtant, en filigrane, un mot revient encore et encore: élites. Et finalement, l'existence d'élites "au sommet" finit par aller de soi. On finit par parler "d'égalité des chances" plutôt que d'égalité tout court. Le statut de boursier n'avait-il pas pour but de réduire les inégalités sociales, sans qu'il soit question de couleur de peau ou d'origine? En redéfinissant la notion d'égalité par la seule diversité, N.Sarkozy réécrit l'histoire.
Aux Etats-Unis aussi l'histoire a été réécrite. Ou a oublié que le mouvement des droits civiques avait aussi une couleur politique. Bobby Seale, cofondateur des Black Panthers déclarait ainsi:
Ceux qui espèrent obscurcir notre combat en mettant en avant l'existence de différences ethniques aident au maintien de l'exploitation des masses: Blancs pauvres, Noirs pauvres, Bruns [Hispaniques], Indiens, Chinois et Japonais pauvres. [...] Nous ne combattrons par l'exploitation capitaliste grâce à un capitalisme noir. Nous combattrons le capitalisme grâce au socialisme.
Retour au jour d'aujourd'hui où la question est à présent de savoir si l'élection de Barack Obama représente un réel bouleversement social ou s'il n'est que le représentant d'un "capitalisme noir" qui légitimerait le système Américain et les inégalités qui en découlent. La question reste ouverte, car à peine avait-il "rassuré" les plus conservateurs aux Etats-Unis que ses dernières mesures représentent au contraire un changement radical dans l'idéologie Américaine.
Et pendant ce temps en France, faut-il parler de différences raciales ou ethniques? Faut-il parler de discrimination positive ou de réformes? Sans doute. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des nouvelles définitions. La justice sociale ne survient pas lorsque des fils ou petits-fils d'immigrés accèdent au pouvoir et à la richesse. Elle survient lorsque tous partagent le pouvoir et la richesse. Ce que l'égalité des chances dissimule, c'est qu'une chance n'est pas assez pour tout le monde.
Source:
"Liberté, fraternité... diversité?" par Walter Benn Michaels (professeur de littérature à l'Université de l'Illinois), Le Monde Diplomatique de février 2009.
"Politique : Sarkozy veut plus de diversité ethnique dans les élites", RFO, 27/11/08.
Discours de N.Sarkozy à l'école polytechnique, 17/12/08
La Statue de la Liberté
De son vrai nom La liberté éclairant le monde, elle fut offerte par la France aux Etats-Unis pour célébrer le centenaire de l'indépendance Américaine. Il s'agit d'une sculpture de Frédéric Bartholdi réalisée avec l'aide de Gustave Eiffel et Maurice Koechlin (l'ingénieur assistant d'Eiffel).
Bien que la statue de 46 mètres de haut ait été offerte par la France, son pédestal double sa hauteur et a été réalisé et financé par les Etats-Unis. Il en existe des répliques miniatures à Paris, Tokyo ou Maceio (Brésil).
Bien que la statue de 46 mètres de haut ait été offerte par la France, son pédestal double sa hauteur et a été réalisé et financé par les Etats-Unis. Il en existe des répliques miniatures à Paris, Tokyo ou Maceio (Brésil).
mercredi 25 février 2009
New York
New York City est une des plus grandes villes du monde située (à ne pas confondre avec) dans l'Etat de New York aux Etats-Unis. Elle est la ville la plus peuplée du pays avec plus de huit millions d'habitants répartis dans cinq circonscriptions: Manhattan, le Bronx, le Queens, Brooklyn et Staten Island.
Manhattan vue de la tour Rockefeller:
Coucher de soleil sur le Queens:
Le sud de Manhattan:
Son territoire fut exploré au XVIème siècle par un navigateur Italien pour François 1er et la ville fut donc à l'origine baptisée "Nouvelle Angoulême". Sa colonisation par les Hollandais au siècle suivant la vit renommée "Nouvelle Amsterdam", puis "New York" lorsque les Anglais s'en emparèrent. Elle fut tout d'abord la capitale des Etats-Unis pendant la guerre d'indépendance, avant de céder cet honneur à Washington D.C. en 1790.
Son origine hollandaise explique les couleurs de son drapeau qui sont celles des Pays-Bas:
Manhattan vue de la tour Rockefeller:
Coucher de soleil sur le Queens:
Le sud de Manhattan:
Son territoire fut exploré au XVIème siècle par un navigateur Italien pour François 1er et la ville fut donc à l'origine baptisée "Nouvelle Angoulême". Sa colonisation par les Hollandais au siècle suivant la vit renommée "Nouvelle Amsterdam", puis "New York" lorsque les Anglais s'en emparèrent. Elle fut tout d'abord la capitale des Etats-Unis pendant la guerre d'indépendance, avant de céder cet honneur à Washington D.C. en 1790.
Son origine hollandaise explique les couleurs de son drapeau qui sont celles des Pays-Bas:
Quelle place pour les humanités?
Les réformes récentes de l'Education Nationale et de la Recherche en France mettent à jour une tendance dérangeante: la propension des gouvernements successifs (à droite surtout, mais il ne faudrait pas croire que la gauche en est incapable) à sacrifier la cause des humanités sur l'autel de l'économie. Or, si les réformes actuelles ont pour objectif de détruire le modèle Français de l'Etat-providence il ne faudrait pas croire que cette tendance est propre à la France. Aux Etats-Unis aussi les humanités n'ont jamais été aussi menacées, premières victimes d'une crise économique qui affecte de plein fouet les universités anglo-saxonnes puisque celles-ci (grâce à leur autonomie) doivent gérer leur budget de manière encore plus stricte qu'à l'accoutumée.
Alors les humanités c'est quoi et pourquoi est-il important de les défendre?
Les humanités ce sont toutes ces matières qui passent souvent pour superflues dans notre monde moderne. Les lettres, l'histoire, la théologie, les arts, les sciences de la culture... etc. L'on a toujours su (de manière informe) que ces matières sont importantes, mais pourquoi déjà au juste?
Dans le monde actuel l'heure est à l'efficacité, voir à la rentabilité. En un sens l'utilitarisme de Bentham a gagné une bataille à la Pyrrhus : si l'on reconnaît aujourd'hui que les diverses entreprises humaines doivent prouver leur utilité à la société , cet utilitarisme risque fort de faire des victimes collatérales. A force de trop faire de l'économie l'on peut parfois oublier qu'il existe divers types d'utilités.
Il convient parfois de juger les prophètes à l'aune de leurs propres valeurs. Et si Adam Smith en écrivant La richesse des nations (The Wealth of Nations) proposait que la confrontation des égoïsmes pouvait mener à l'harmonie sociale, encore mettait-il en garde contre ceux qui seraient susceptibles de chercher à détourner la loi du marché pour leur seul profit. Le libéralisme de Smith, pour garantir la protection de l'intérêt commun, n'excluait nullement un contrôle du marché par une autorité supérieure subordonnée à des principes moraux. Dans La théorie des sentiments moraux (The Theory of Moral Sentiments), Smith ne décrivait pas seulement l'Homme comme égocentrique mais au contraire comme capable d'empathie et d'altruisme. Ainsi, si l'économie se devait selon lui d'être régulée par des principes amoraux, Smith n'a jamais prétendu que ces lois économiques dussent s'appliquer à la société entière, et à n'en pas douter, serait consterné de voir la prépondérance de l'économie (et donc de son amoralisme) dans nos sociétés modernes.
Car paradoxalement, alors que l'économie de marché est supposée juger de la pertinence des produits échangés par le commerce, concrètement, le matérialisme qui en découle en a fait l'instrument d'une industrie de superficialité, l'économie du gadget et du confort, l'aire du "prêt-à-consommer" et du "prêt-à-penser". Autrement dit, si le capitalisme de marché est reconnu comme un moteur pour l'innovation et le développement, à long terme, il n'en appauvrit pas moins la teneur d'une société en en éliminant les acteurs jugés moins performants. Le court-terme devenu essentiel fragilise ainsi les entreprises dont l'impact est moins évident. En cherchant à juger de la performance des humanités on les dénature et en fait un simple produit de consommation.
Alors quelle utilité pour les humanités? Il convient de rappeler que les humanités sont en fait les Sciences Humaines, autrement dit les domaines traitant de l'Homme et de l'Humanité comme sujet d'étude. Elles (re)définissent inlassablement "le sens d'être humain" (what it means to be a human being), mais aussi à quoi sert-il de vivre, qu'est-ce qui fait la richesse (l'intérêt) de l'expérience humaine. On peut ainsi se passer de musique, de culture ou de philosophie, mais pas indéfiniment. Au final, si l'économie peut prétendre assurer notre survie, ce sont les humanités qui nous font vivre. Sans culture l'expérience humaine serait réduite à une suite de répétitions sans aucun sens, et la confusion entre plaisir et bonheur deviendrait telle que nous serions condamnés à vivre à jamais dans "l'instant présent", frustrés en permanence par un désir insatiable de combler nos manques les plus profonds.
Les humanités représentent notre capacité, en tant qu'espèce, à s'interroger sur nous-mêmes. Elles ne sont pas un produit, non plus un projet dont les buts sont clairement définis et grâce auxquels on peut juger de résultats. Au jour d'aujourd'hui pourtant elles sont menacées par une culture de plus en plus matérialiste, et cette introspection nécessaire est en passe de devenir le luxe de quelques-uns, pour reprendre un vocabulaire très actuel "un produit de niche" plutôt qu'un "produit de grande consommation". Epurées, résumées, les humanités devraient maintenant se contenter de traiter de sujets "concrets", "d'actualité" ou "pertinents à chacun", être formatées au monde présent donc.
Mais il est une fonction des humanités qui est oubliée. Loin d'être simplement le passe-temps d'une minorité intellectuelle, elles servent aussi au développement personnel de tout jeune adulte, servant à transformer nos adolescents boutonneux en citoyens votants. Si la philosophie ne nourrit pas son homme elle lui apporte en revanche la capacité de raisonner, et donc de choisir. Il n'est pas de démocratie sans éducation digne de ce nom ; préserver nos libertés commence par la préservation du savoir, et donc de la culture.
Il est un sentiment grandissant que les Sciences Humaines ne sont plus toujours adaptées au monde actuel, qu'elles ont parfois oublié leur rôle de formation citoyenne ; si cela est bien le cas c'est de plus de moyens dont elles ont besoin et non de coupes budgétaires.
Si l'on oublie ne serait-ce qu'un instant que l'homme n'est pas qu'acteur économique les livres brûleront et ils seront difficiles à réécrire. Une éducation libérale ne se limite pas à quelques savoirs-faire ou savoirs-penser, elle doit également expliquer et débattre des systèmes et principes utilisés, sans cesse les remettre en question pour nous protéger de l'arbitraire ou du simpliste. Dans un monde toujours plus intégrant et plus globalisateur, les humanités sont plus que jamais la seule chose pouvant nous distinguer des insectes que nous foulons au pied.
Sources:
The New York Times: "In Tough Times, The Humanities Must Justify Their Worth", par Patricia Cohen.
Humanities journals under threat from the European research bureaucracy (ERIH), par Medical Museion (Université de Copenhague).
Le Monde: "La mort des humanités", par G. Philippe & W. Marx.
The New York Times: "We’re Not ‘Cowards,’ We’re Just Loud" par Stephen L. Carter.
Wikipedia: Adam Smith
Alors les humanités c'est quoi et pourquoi est-il important de les défendre?
Les humanités ce sont toutes ces matières qui passent souvent pour superflues dans notre monde moderne. Les lettres, l'histoire, la théologie, les arts, les sciences de la culture... etc. L'on a toujours su (de manière informe) que ces matières sont importantes, mais pourquoi déjà au juste?
Dans le monde actuel l'heure est à l'efficacité, voir à la rentabilité. En un sens l'utilitarisme de Bentham a gagné une bataille à la Pyrrhus : si l'on reconnaît aujourd'hui que les diverses entreprises humaines doivent prouver leur utilité à la société , cet utilitarisme risque fort de faire des victimes collatérales. A force de trop faire de l'économie l'on peut parfois oublier qu'il existe divers types d'utilités.
Il convient parfois de juger les prophètes à l'aune de leurs propres valeurs. Et si Adam Smith en écrivant La richesse des nations (The Wealth of Nations) proposait que la confrontation des égoïsmes pouvait mener à l'harmonie sociale, encore mettait-il en garde contre ceux qui seraient susceptibles de chercher à détourner la loi du marché pour leur seul profit. Le libéralisme de Smith, pour garantir la protection de l'intérêt commun, n'excluait nullement un contrôle du marché par une autorité supérieure subordonnée à des principes moraux. Dans La théorie des sentiments moraux (The Theory of Moral Sentiments), Smith ne décrivait pas seulement l'Homme comme égocentrique mais au contraire comme capable d'empathie et d'altruisme. Ainsi, si l'économie se devait selon lui d'être régulée par des principes amoraux, Smith n'a jamais prétendu que ces lois économiques dussent s'appliquer à la société entière, et à n'en pas douter, serait consterné de voir la prépondérance de l'économie (et donc de son amoralisme) dans nos sociétés modernes.
Car paradoxalement, alors que l'économie de marché est supposée juger de la pertinence des produits échangés par le commerce, concrètement, le matérialisme qui en découle en a fait l'instrument d'une industrie de superficialité, l'économie du gadget et du confort, l'aire du "prêt-à-consommer" et du "prêt-à-penser". Autrement dit, si le capitalisme de marché est reconnu comme un moteur pour l'innovation et le développement, à long terme, il n'en appauvrit pas moins la teneur d'une société en en éliminant les acteurs jugés moins performants. Le court-terme devenu essentiel fragilise ainsi les entreprises dont l'impact est moins évident. En cherchant à juger de la performance des humanités on les dénature et en fait un simple produit de consommation.
Alors quelle utilité pour les humanités? Il convient de rappeler que les humanités sont en fait les Sciences Humaines, autrement dit les domaines traitant de l'Homme et de l'Humanité comme sujet d'étude. Elles (re)définissent inlassablement "le sens d'être humain" (what it means to be a human being), mais aussi à quoi sert-il de vivre, qu'est-ce qui fait la richesse (l'intérêt) de l'expérience humaine. On peut ainsi se passer de musique, de culture ou de philosophie, mais pas indéfiniment. Au final, si l'économie peut prétendre assurer notre survie, ce sont les humanités qui nous font vivre. Sans culture l'expérience humaine serait réduite à une suite de répétitions sans aucun sens, et la confusion entre plaisir et bonheur deviendrait telle que nous serions condamnés à vivre à jamais dans "l'instant présent", frustrés en permanence par un désir insatiable de combler nos manques les plus profonds.
Les humanités représentent notre capacité, en tant qu'espèce, à s'interroger sur nous-mêmes. Elles ne sont pas un produit, non plus un projet dont les buts sont clairement définis et grâce auxquels on peut juger de résultats. Au jour d'aujourd'hui pourtant elles sont menacées par une culture de plus en plus matérialiste, et cette introspection nécessaire est en passe de devenir le luxe de quelques-uns, pour reprendre un vocabulaire très actuel "un produit de niche" plutôt qu'un "produit de grande consommation". Epurées, résumées, les humanités devraient maintenant se contenter de traiter de sujets "concrets", "d'actualité" ou "pertinents à chacun", être formatées au monde présent donc.
Mais il est une fonction des humanités qui est oubliée. Loin d'être simplement le passe-temps d'une minorité intellectuelle, elles servent aussi au développement personnel de tout jeune adulte, servant à transformer nos adolescents boutonneux en citoyens votants. Si la philosophie ne nourrit pas son homme elle lui apporte en revanche la capacité de raisonner, et donc de choisir. Il n'est pas de démocratie sans éducation digne de ce nom ; préserver nos libertés commence par la préservation du savoir, et donc de la culture.
Il est un sentiment grandissant que les Sciences Humaines ne sont plus toujours adaptées au monde actuel, qu'elles ont parfois oublié leur rôle de formation citoyenne ; si cela est bien le cas c'est de plus de moyens dont elles ont besoin et non de coupes budgétaires.
Si l'on oublie ne serait-ce qu'un instant que l'homme n'est pas qu'acteur économique les livres brûleront et ils seront difficiles à réécrire. Une éducation libérale ne se limite pas à quelques savoirs-faire ou savoirs-penser, elle doit également expliquer et débattre des systèmes et principes utilisés, sans cesse les remettre en question pour nous protéger de l'arbitraire ou du simpliste. Dans un monde toujours plus intégrant et plus globalisateur, les humanités sont plus que jamais la seule chose pouvant nous distinguer des insectes que nous foulons au pied.
Sources:
The New York Times: "In Tough Times, The Humanities Must Justify Their Worth", par Patricia Cohen.
Humanities journals under threat from the European research bureaucracy (ERIH), par Medical Museion (Université de Copenhague).
Le Monde: "La mort des humanités", par G. Philippe & W. Marx.
The New York Times: "We’re Not ‘Cowards,’ We’re Just Loud" par Stephen L. Carter.
Wikipedia: Adam Smith
mardi 24 février 2009
Faut-il être raciste?
En 2003 aux Etats-Unis deux noirs sur cinq estimaient être victimes de discrimination une fois par mois et un sur cinq une fois par jour. En Janvier 2009, 72% des blancs interrogés pensent que les noirs "exagèrent" la discrimination dont ils sont victimes tandis que 82% des noirs pensent que les noirs la "sous-estiment".
L'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis a dramatiquement modifié leur image, à l'intérieur comme à l'extérieur. Pour les minorités Américaines c'est là une revanche longtemps attendue contre les ségrégationnistes d'hier, pour les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) la possibilité de fermer la parenthèse Bush et d'être à nouveau fiers de leur pays.
Mais la discrimination va-t-elle cesser pour autant? D'après des études de l'Université Harvard, les Américains continuent à être considérablement biaisés par la couleur de peau. De nombreuses voix se sont élevées pour déclarer le combat pour l'égalité terminé aux Etats-Unis, étouffant ainsi les débats futurs dans l'oeuf. L'élection d'Obama permet à de nombreux Américains de se sentir mieux ; il est désormais possible de ne plus parler de race ou de discrimination, puisque ce ne sont plus que des erreurs du passé. Pour autant cesser d'en parler ne permettra pas un réel travail de fond sur la question. En d'autres termes, l'élection d'Obama légitime la politique de l'autruche sur le racisme.
Ce qui nous ramène à la France, perçue par une majorité d'Américains comme un pays hautement raciste. Les raisons en sont simples: une grande variété ethnique mais pas (ou prou) de discrimination positive, des incidents anti-sémites réguliers, une laïcité forcée qui ne respecte pas les différences religieuses (à l'école notamment) et encore moins le communautarisme, et des émeutes de banlieues décrites aux Etats-Unis comme des incidents "raciaux" dont nos minorités sont les victimes. En France, l'assimilation passe par le déni de spécificités physiques ou culturelles ; parler de race en France, c'est déjà être raciste, puisque le concept même est arbitraire. Notre pays a le fait le choix d'un idéal républicain ne reconnaissant aucune différence entre les individus.
Cette attitude aux Etats-Unis a toujours été vue comme hypocrite. Les Américains ne voient pas comment combattre la discrimination sans parler ouvertement de races, de religions ou de cultures différentes. Ironiquement c'est maintenant au tour des Etats-Unis de retourner à la politique de l'autruche.
L'ironie ne doit cependant pas masquer un paradoxe troublant: nous avons longtemps eu tendance en France à voir les classifications raciales anglo-saxonnes comme négatives. Mais si les résultats sont là, faut-il être raciste?
L'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis a dramatiquement modifié leur image, à l'intérieur comme à l'extérieur. Pour les minorités Américaines c'est là une revanche longtemps attendue contre les ségrégationnistes d'hier, pour les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) la possibilité de fermer la parenthèse Bush et d'être à nouveau fiers de leur pays.
Mais la discrimination va-t-elle cesser pour autant? D'après des études de l'Université Harvard, les Américains continuent à être considérablement biaisés par la couleur de peau. De nombreuses voix se sont élevées pour déclarer le combat pour l'égalité terminé aux Etats-Unis, étouffant ainsi les débats futurs dans l'oeuf. L'élection d'Obama permet à de nombreux Américains de se sentir mieux ; il est désormais possible de ne plus parler de race ou de discrimination, puisque ce ne sont plus que des erreurs du passé. Pour autant cesser d'en parler ne permettra pas un réel travail de fond sur la question. En d'autres termes, l'élection d'Obama légitime la politique de l'autruche sur le racisme.
Ce qui nous ramène à la France, perçue par une majorité d'Américains comme un pays hautement raciste. Les raisons en sont simples: une grande variété ethnique mais pas (ou prou) de discrimination positive, des incidents anti-sémites réguliers, une laïcité forcée qui ne respecte pas les différences religieuses (à l'école notamment) et encore moins le communautarisme, et des émeutes de banlieues décrites aux Etats-Unis comme des incidents "raciaux" dont nos minorités sont les victimes. En France, l'assimilation passe par le déni de spécificités physiques ou culturelles ; parler de race en France, c'est déjà être raciste, puisque le concept même est arbitraire. Notre pays a le fait le choix d'un idéal républicain ne reconnaissant aucune différence entre les individus.
Cette attitude aux Etats-Unis a toujours été vue comme hypocrite. Les Américains ne voient pas comment combattre la discrimination sans parler ouvertement de races, de religions ou de cultures différentes. Ironiquement c'est maintenant au tour des Etats-Unis de retourner à la politique de l'autruche.
L'ironie ne doit cependant pas masquer un paradoxe troublant: nous avons longtemps eu tendance en France à voir les classifications raciales anglo-saxonnes comme négatives. Mais si les résultats sont là, faut-il être raciste?
mardi 10 février 2009
Last
Et pour finir cette vue de la ville vue de Virginie...
Celle-ci devrait normalement etre la derniere photo de Washington DC sur le blog. En effet je pars lundi prochain pour New York ou je passerais quelques jours avant de prendre l'avion. Les prochaines photos devraient donc etre postees apres mon retour au pays. @bientot donc!
Pour une meilleure vue, cliquez sur la miniature. De l'autre cote de la riviere Potomac on doit pouvoir apercevoir le Lincoln Monument, le Washington Monument, le Department of Commerce, le Capitole et quelques batiments du Smithsonian.
Celle-ci devrait normalement etre la derniere photo de Washington DC sur le blog. En effet je pars lundi prochain pour New York ou je passerais quelques jours avant de prendre l'avion. Les prochaines photos devraient donc etre postees apres mon retour au pays. @bientot donc!
Pour une meilleure vue, cliquez sur la miniature. De l'autre cote de la riviere Potomac on doit pouvoir apercevoir le Lincoln Monument, le Washington Monument, le Department of Commerce, le Capitole et quelques batiments du Smithsonian.
Quelques photos classiques
National Archives
Et aujourd'hui je me suis rendu aux National Archives pour en savoir plus sur les archives du Congres. J'y ai rencontre l'archiviste William H. Davis, qui m'a beaucoup aide pour mes recherches.
De face tout d'abord:
L'arriere du batiment avec l'entree reservee aux chercheurs. Parce qu'une grande partie des documents sont classes top secret l'entree est particulierement reglementee.
De face tout d'abord:
L'arriere du batiment avec l'entree reservee aux chercheurs. Parce qu'une grande partie des documents sont classes top secret l'entree est particulierement reglementee.
Arlington National Cemetery
Le Pentagone
dimanche 8 février 2009
Le Sceau du Tresor
Un peu de symbolique rapide...
Le sceau du Departement du Tresor Americain:
La balance est le symbole universel de la Justice. Il en est de meme pour la balance presente sur le sceau du Departement du Tresor. Ne pas croire qu'il s'agit la d'une quelconque reference a un equilibre budgetaire, car cela est la responsabilite du Congres et non du Tresor.
Sous la balance se trouve un chevron de treize etoiles representant les treize colonies Americaines originales.
La cle est elle un symbole d'autorite.
Le sceau du Departement du Tresor Americain:
La balance est le symbole universel de la Justice. Il en est de meme pour la balance presente sur le sceau du Departement du Tresor. Ne pas croire qu'il s'agit la d'une quelconque reference a un equilibre budgetaire, car cela est la responsabilite du Congres et non du Tresor.
Sous la balance se trouve un chevron de treize etoiles representant les treize colonies Americaines originales.
La cle est elle un symbole d'autorite.
mercredi 4 février 2009
Groundhog Day
Et cette semaine aux Etats-Unis c'etait Groundhog Day, le jour des marmottes. A cette occasion l'on sort des marmottes de leur terrier et l'on regarde si elles retournent se coucher ou non! Cela permet de savoir si l'hiver sera encore long. Elles ne se trompent jamais dit-on... ou en tout cas pas plus d'une fois sur deux.
Bien sur, Groundhog Day c'est aussi un film avec Bill Murray et Andie MacDowell, "Un jour sans fin" en VF.
La fin de la lune de miel?
C'etait la le gros titre des journaux ici aux Etats-Unis. En effet la nomination du Senateur Thomas Daschle au poste de Secretaire a la Sante a echoue a cause d'un arriere d'impots de... 146,000$. Et si cela vous parait beaucoup, sachez quand meme que Timothy Geithner, le Secretaire au Tresor a verse lui un arriere de 30,000$, une broutille en somme.
Les medias Americains y voient la le premier echec de l'Administration Obama, qui avait promis une ethique impeccable pour son cabinet, et le president en personne a du reconnaitre qu'il s'agissait la d'une "erreur".
Alors qu'en est-il au juste? A en croire certains les impots Americains sont tellement compliques que de telles erreurs seraient "normales" ou tout du moins "comprehensibles". A en croire d'autres (Republicains bien sur) ce sont la des fautes "inexcusables"... etc.
Ce qui est sur, c'est que normal ou pas, quand on arrive a faire des erreurs de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur sa declaration d'impots, on n'est pas vraiment un homme du peuple.
En parallelle, Le Monde evoque une tentative par Obama de negocier avec la Russie un nouveau traite de desarmement nucleaire, un second "START" (Strategic Arms Reduction Treaty) tout en cessant les activites a but defensif (bouclier anti-missiles). De quoi s'agit-il?
En resume, l'interet des armes nucleaires repose essentiellement sur leur force de dissuasion (detterence), autrement dit sur la capacite d'annihilation mutuelle de deux puissances nucleaires. Cette doctrine de destruction mutuelle est -fort justement- prenommee MAD (Mutual Assured Destruction) et repose sur la vulnerabilite de chaque nation aux missiles de ses voisins. C'est la doctrine qui fut utilisee par les Etats-Unis et l'Union Sovietique durant la Guerre Froide, et la plupart des historiens s'accordent a dire que c'est grace a elle que la Guerre Froide... est restee froide. Devant la menace tres reelle de destruction mutuelle, aucune des deux superpuissances n'a ose amorcer de conflit direct, et les affrontements militaires sont restes limites aux "satellites" (Coree, Vietnam, Afghanistan... etc).
En 1984, Ronald Reagan lanca un programme de defense strategique, le SDI (Strategic Defense Initiative) baptise dans les medias "Guerre des Etoiles". Le SDI remettait en question la doctrine de MAD en cherchant a proteger les Etats-Unis par un systeme de haute technologie compose de plusieurs echelons (layers) defensifs notamment des missiles anti-missiles et des satellites en orbite basse. Reagan fut accuse de "militariser l'espace" et Gorbachev opposa vivement le SDI, declarant qu'un tel systeme rendrait les Etats-Unis potentiellement capables d'initier un conflit atomique en toute securite, destabilisant ainsi le fragile equilibre nucleaire observe depuis Hiroshima. Malgre plusieurs sommets sur le desarmement (Geneve, Reykjavik, Washington et Malte), Gorbachev ne parvint jamais a convaincre les Republicains du danger d'un tel programme, si bien que Georges W. Bush le continuait encore il y a quelques mois.
Notons qu'ironiquement, bien que Reagan ait lance la "Guerre des Etoiles" pour proteger l'humanite de la menace nucleaire, ses collegues Republicains ont par la suite recherche des moyens de faire usage d'armes atomiques de "faible intensite" dans des conflits limites. En ce sens, la crainte de Gorbachev de voir les Etats-Unis user du nucleaire a des fins militaires a ete plus que justifiee.
Obama demontre ici une rare connaissance des enjeux.
SDI, en apparence une mesure purement defensive, peut en realite conduire a une escalade, puisque la meilleure facon de contourner un bouclier anti-missiles est de... multiplier le nombre de missiles. START en revanche, en limitant le nombre de missiles atomiques, conduit a un desarmement concret et durable.
Il y a aussi une dimension economique: les armes atomiques coutent cher. Gorbachev lui-meme a reconnu avoir voulu negocier START afin de combattre la crise economique que traversait l'Union Sovietique a son arrivee au pouvoir. Pour certains Republicains ("triomphalistes"), SDI etait la "goutte d'eau" qui a force l'URSS a negocier et mis fin a la Guerre Froide.
Si les Republicains ont jadis vu la course aux armements comme un moyen de detruire l'URSS, il sera tres interessant de voir comment Vladimir Poutine va reagir a la proposition d'Obama de reprendre les negociations sur le desarmement. A l'evidence, la crise actuelle etant mondiale, personne n'a d'interet a conserver un vaste et couteux stock d'armes atomiques. Reste que l'Histoire offre ici a la Russie un joli brin d'ironie. Et gageons que les Chinois, relativement epargnes par la crise, ne participeront pas aux negociations.
Les medias Americains y voient la le premier echec de l'Administration Obama, qui avait promis une ethique impeccable pour son cabinet, et le president en personne a du reconnaitre qu'il s'agissait la d'une "erreur".
Alors qu'en est-il au juste? A en croire certains les impots Americains sont tellement compliques que de telles erreurs seraient "normales" ou tout du moins "comprehensibles". A en croire d'autres (Republicains bien sur) ce sont la des fautes "inexcusables"... etc.
Ce qui est sur, c'est que normal ou pas, quand on arrive a faire des erreurs de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur sa declaration d'impots, on n'est pas vraiment un homme du peuple.
En parallelle, Le Monde evoque une tentative par Obama de negocier avec la Russie un nouveau traite de desarmement nucleaire, un second "START" (Strategic Arms Reduction Treaty) tout en cessant les activites a but defensif (bouclier anti-missiles). De quoi s'agit-il?
En resume, l'interet des armes nucleaires repose essentiellement sur leur force de dissuasion (detterence), autrement dit sur la capacite d'annihilation mutuelle de deux puissances nucleaires. Cette doctrine de destruction mutuelle est -fort justement- prenommee MAD (Mutual Assured Destruction) et repose sur la vulnerabilite de chaque nation aux missiles de ses voisins. C'est la doctrine qui fut utilisee par les Etats-Unis et l'Union Sovietique durant la Guerre Froide, et la plupart des historiens s'accordent a dire que c'est grace a elle que la Guerre Froide... est restee froide. Devant la menace tres reelle de destruction mutuelle, aucune des deux superpuissances n'a ose amorcer de conflit direct, et les affrontements militaires sont restes limites aux "satellites" (Coree, Vietnam, Afghanistan... etc).
En 1984, Ronald Reagan lanca un programme de defense strategique, le SDI (Strategic Defense Initiative) baptise dans les medias "Guerre des Etoiles". Le SDI remettait en question la doctrine de MAD en cherchant a proteger les Etats-Unis par un systeme de haute technologie compose de plusieurs echelons (layers) defensifs notamment des missiles anti-missiles et des satellites en orbite basse. Reagan fut accuse de "militariser l'espace" et Gorbachev opposa vivement le SDI, declarant qu'un tel systeme rendrait les Etats-Unis potentiellement capables d'initier un conflit atomique en toute securite, destabilisant ainsi le fragile equilibre nucleaire observe depuis Hiroshima. Malgre plusieurs sommets sur le desarmement (Geneve, Reykjavik, Washington et Malte), Gorbachev ne parvint jamais a convaincre les Republicains du danger d'un tel programme, si bien que Georges W. Bush le continuait encore il y a quelques mois.
Notons qu'ironiquement, bien que Reagan ait lance la "Guerre des Etoiles" pour proteger l'humanite de la menace nucleaire, ses collegues Republicains ont par la suite recherche des moyens de faire usage d'armes atomiques de "faible intensite" dans des conflits limites. En ce sens, la crainte de Gorbachev de voir les Etats-Unis user du nucleaire a des fins militaires a ete plus que justifiee.
Obama demontre ici une rare connaissance des enjeux.
SDI, en apparence une mesure purement defensive, peut en realite conduire a une escalade, puisque la meilleure facon de contourner un bouclier anti-missiles est de... multiplier le nombre de missiles. START en revanche, en limitant le nombre de missiles atomiques, conduit a un desarmement concret et durable.
Il y a aussi une dimension economique: les armes atomiques coutent cher. Gorbachev lui-meme a reconnu avoir voulu negocier START afin de combattre la crise economique que traversait l'Union Sovietique a son arrivee au pouvoir. Pour certains Republicains ("triomphalistes"), SDI etait la "goutte d'eau" qui a force l'URSS a negocier et mis fin a la Guerre Froide.
Si les Republicains ont jadis vu la course aux armements comme un moyen de detruire l'URSS, il sera tres interessant de voir comment Vladimir Poutine va reagir a la proposition d'Obama de reprendre les negociations sur le desarmement. A l'evidence, la crise actuelle etant mondiale, personne n'a d'interet a conserver un vaste et couteux stock d'armes atomiques. Reste que l'Histoire offre ici a la Russie un joli brin d'ironie. Et gageons que les Chinois, relativement epargnes par la crise, ne participeront pas aux negociations.
dimanche 1 février 2009
Les monuments de Washington DC
Voici donc en vrac les plus celebres des monuments de "DC", vous devriez en reconnaitre quelques-uns...
Une petite carte pour s'y retrouver:
La facade la plus connue cette fois:
Le Washington Monument a nouveau:
Le Thomas Jefferson Memorial:
Le Abraham Lincoln Memorial:
Le National Mall vu depuis le Lincoln Memorial:
Ce monument est dedie a la Guerre de Coree (1950-1953):
Et celui-ci a la Premiere Guerre Mondiale:
Il me manque encore un ou deux monuments pour completer ma visite de la ville. Saurez-vous deviner lesquels?
Une petite carte pour s'y retrouver:
La facade la plus connue cette fois:
Le Washington Monument a nouveau:
Le Thomas Jefferson Memorial:
Le Abraham Lincoln Memorial:
Le National Mall vu depuis le Lincoln Memorial:
Ce monument est dedie a la Guerre de Coree (1950-1953):
Et celui-ci a la Premiere Guerre Mondiale:
Il me manque encore un ou deux monuments pour completer ma visite de la ville. Saurez-vous deviner lesquels?
Petite ballade
Ne parle pas au journaliste...
A l'occasion de l'inauguration d'Obama un journaliste etait venu interviewer quelques personnes a l'ISH pour avoir leurs idees sur le nouveau president. Au terme d'un entretien d'une bonne heure, celui-ci a rassemble mes commentaires les plus negatifs et en a fait un seul paragraphe (en "oubliant" les explications detaillees que j'avais donnees sur certains points sinon c'est pas drole). Comme quoi il faut se mefier des journalistes: ils ne sont pas la pour rendre justice a vos propos, mais bien pour les tourner comme ca les arrange. Et inutile de dire que les Americains adorent en vouloir aux Francais...
Si vous etes curieux (c'est en anglais bien entendu):
L'article original
Un condense de l'article sur un autre site
Si vous etes curieux (c'est en anglais bien entendu):
L'article original
Un condense de l'article sur un autre site
Japanese night
Quelques photos de la soiree organisee en l'honneur du Japon a l'ISH. Au programme: repas Japonais (sushis, makis, soupe miso et boeuf au curry notamment pour les plats principaux, accompagnes de divers bieres et sakes et suivis de gateaux et d'une glace au the vert), demonstration de Iaidou (art de degainer le sabre, aussi appele battou-jutsu), essayage de kimonos, concours de maniement de baguettes, ceremonie du the, petits cours acceleres de culture et d'economie Japonaises, le tout avec projection de videos culturelles (Le Chateau de Takeshi, combats de Sumotoris, Dragon Ball ou Mon Voisin Totoro) et pop japonaise en fond sonore. Enorme! Les Japonais de l'ISH ont fait un travail extraordinaire pour nous faire partager un bout de leur pays.
La ceremonie du the:
Erika (USA) s'essaye au port du kimono:
Une experte en sabre prete a degainer:
Coucou!
La ceremonie du the:
Erika (USA) s'essaye au port du kimono:
Une experte en sabre prete a degainer:
Coucou!
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