vendredi 27 février 2009

Obamanomics

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(image de Maëster prise sur son blog)

Il y a une trentaine d'années de cela, Ronald Reagan instaurait aux Etats-Unis ce qui fut par la suite décrit comme des "Reaganomics", autrement dit un programme économique basé principalement sur une opposition au keynésianisme comme celle de l'école économique de Chicago. Les politiques de Reagan impliquaient notamment deux aspects:

- Diminuer les impôts pour les plus riches.
Cette idée est appelée "trickle-down" en anglais, et évoque le ruissellement de l'eau sur un mur ou une pyramide. Symboliquement elle représente l'idée qu'en donnant plus de moyens aux plus aisés, ceux-ci pourront investir dans l'économie et créer des emplois, disséminant ainsi leur richesse vers le bas de la pyramide. Il convient de noter que bien que cette théorie soit connue de tous aux Etats-Unis, elle ne repose sur aucune théorie économique fiable (pas même les théories de l'école de Chicago)

- Réduire le rôle de l'Etat.
Reagan allait lancer un ambitieux problème de "deregulations", autrement dit de suppression de réglementations ou d'interdictions (sur l'économie ou l'environnement notamment). Dans le même temps sa campagne contre les programmes de solidarité sociale au nom d'un combat contre les "welfare queens", -d'hypothétiques "profiteuses" des allocations ou aides sociales- allait considérablement réduire les dépenses sociales des Etats-Unis -au détriment des couches les plus pauvres de la population.

Reagan ne fut pas exempt de critiques: dans son propre camp George H.W. Bush parlait d' "économie vaudou" (voodoo economics), tandis que David Stockman, son directeur du budget, démissionna en 1986 et écrivit un livre pour dénoncer Reagan comme un "indécrotable optimiste" dont la politique fiscale était "ignorante et irresponsable".

Ces politiques dites de la "nouvelle droite" dominèrent pourtant les Etats-Unis durant presque trente ans, puisque pas même Bill Clinton ne les remit en question. En France le "paquet fiscal" de N.Sarkozy s'est beaucoup inspiré de telles mesures, y compris dans la rhétorique puisque des "profiteurs" des allocations et aides sociales ont aussi été évoqués.

On s'est beaucoup interrogé sur l'attitude d'Obama face à ce qui est officieusement devenu depuis trois décennies l'idéologie dominante aux Etats-Unis. Oserait-il rompre avec l'orthodoxie de pensée pour devenir (horreur!) un "socialiste" à l'Américaine? Ou bien se contenterait-il d'insister sur des mesures phares (comme le medicare) sans pour autant s'attaquer aux fondations du système Américain?

La réponse est d'aujourd'hui. Le nouveau budget d'Obama demande une augmentation d'impôts significative pour les plus aisés, tandis que toutes les autres couches de la population bénéficieront de réductions. De plus, plus de 600 milliards de dollars seront investis dans la sécurité sociale et une "taxe au carbone" (longtemps réclamée par les verts) sera enfin instaurée.

Le budget d'Obama doit encore être voté. A n'en pas douter la bataille sera longue et difficile pour faire voter un projet allant à l'encontre de ce qui a trop longtemps accepté et encouragé. Mais ces mesures sont très encourageantes. Elles montrent que les Etats-Unis sont capables de changer, de remettre en question des principes que l'on croyait gravés dans le marbre. Et alors qu'en France notre gouvernement voudrait nous faire croire que nous nageons à "contre-courant", le courant est en train de tourner. Pour une fois, les Etats-Unis amorcent des réformes fiscales et budgétaires plus sociales que celles commencées dans le même temps en France. Plus que jamais il faut garder un oeil sur ce qui se passe de l'autre coté de l'Atlantique, afin de ne pas louper le signe que finalement notre modèle est tout ce qu'il y a de plus viable.

Sources:
The New York Times (éditorial): "President Obama’s Budget: Some Honesty About Taxes — Finally". 27/02/09
The New York Times: "Climate of Change", par Paul Krugman. 27/02/09
The New York Times: "A Bold Plan Sweeps Away Reagan Ideas", par David Leonhardt. 27/02/09
The New York Times: "Book Assails Reaganomics". 07/04/1986

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