C'etait la le gros titre des journaux ici aux Etats-Unis. En effet la nomination du Senateur Thomas Daschle au poste de Secretaire a la Sante a echoue a cause d'un arriere d'impots de... 146,000$. Et si cela vous parait beaucoup, sachez quand meme que Timothy Geithner, le Secretaire au Tresor a verse lui un arriere de 30,000$, une broutille en somme.
Les medias Americains y voient la le premier echec de l'Administration Obama, qui avait promis une ethique impeccable pour son cabinet, et le president en personne a du reconnaitre qu'il s'agissait la d'une "erreur".
Alors qu'en est-il au juste? A en croire certains les impots Americains sont tellement compliques que de telles erreurs seraient "normales" ou tout du moins "comprehensibles". A en croire d'autres (Republicains bien sur) ce sont la des fautes "inexcusables"... etc.
Ce qui est sur, c'est que normal ou pas, quand on arrive a faire des erreurs de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur sa declaration d'impots, on n'est pas vraiment un homme du peuple.
En parallelle, Le Monde evoque une tentative par Obama de negocier avec la Russie un nouveau traite de desarmement nucleaire, un second "START" (Strategic Arms Reduction Treaty) tout en cessant les activites a but defensif (bouclier anti-missiles). De quoi s'agit-il?
En resume, l'interet des armes nucleaires repose essentiellement sur leur force de dissuasion (detterence), autrement dit sur la capacite d'annihilation mutuelle de deux puissances nucleaires. Cette doctrine de destruction mutuelle est -fort justement- prenommee MAD (Mutual Assured Destruction) et repose sur la vulnerabilite de chaque nation aux missiles de ses voisins. C'est la doctrine qui fut utilisee par les Etats-Unis et l'Union Sovietique durant la Guerre Froide, et la plupart des historiens s'accordent a dire que c'est grace a elle que la Guerre Froide... est restee froide. Devant la menace tres reelle de destruction mutuelle, aucune des deux superpuissances n'a ose amorcer de conflit direct, et les affrontements militaires sont restes limites aux "satellites" (Coree, Vietnam, Afghanistan... etc).
En 1984, Ronald Reagan lanca un programme de defense strategique, le SDI (Strategic Defense Initiative) baptise dans les medias "Guerre des Etoiles". Le SDI remettait en question la doctrine de MAD en cherchant a proteger les Etats-Unis par un systeme de haute technologie compose de plusieurs echelons (layers) defensifs notamment des missiles anti-missiles et des satellites en orbite basse. Reagan fut accuse de "militariser l'espace" et Gorbachev opposa vivement le SDI, declarant qu'un tel systeme rendrait les Etats-Unis potentiellement capables d'initier un conflit atomique en toute securite, destabilisant ainsi le fragile equilibre nucleaire observe depuis Hiroshima. Malgre plusieurs sommets sur le desarmement (Geneve, Reykjavik, Washington et Malte), Gorbachev ne parvint jamais a convaincre les Republicains du danger d'un tel programme, si bien que Georges W. Bush le continuait encore il y a quelques mois.
Notons qu'ironiquement, bien que Reagan ait lance la "Guerre des Etoiles" pour proteger l'humanite de la menace nucleaire, ses collegues Republicains ont par la suite recherche des moyens de faire usage d'armes atomiques de "faible intensite" dans des conflits limites. En ce sens, la crainte de Gorbachev de voir les Etats-Unis user du nucleaire a des fins militaires a ete plus que justifiee.
Obama demontre ici une rare connaissance des enjeux.
SDI, en apparence une mesure purement defensive, peut en realite conduire a une escalade, puisque la meilleure facon de contourner un bouclier anti-missiles est de... multiplier le nombre de missiles. START en revanche, en limitant le nombre de missiles atomiques, conduit a un desarmement concret et durable.
Il y a aussi une dimension economique: les armes atomiques coutent cher. Gorbachev lui-meme a reconnu avoir voulu negocier START afin de combattre la crise economique que traversait l'Union Sovietique a son arrivee au pouvoir. Pour certains Republicains ("triomphalistes"), SDI etait la "goutte d'eau" qui a force l'URSS a negocier et mis fin a la Guerre Froide.
Si les Republicains ont jadis vu la course aux armements comme un moyen de detruire l'URSS, il sera tres interessant de voir comment Vladimir Poutine va reagir a la proposition d'Obama de reprendre les negociations sur le desarmement. A l'evidence, la crise actuelle etant mondiale, personne n'a d'interet a conserver un vaste et couteux stock d'armes atomiques. Reste que l'Histoire offre ici a la Russie un joli brin d'ironie. Et gageons que les Chinois, relativement epargnes par la crise, ne participeront pas aux negociations.
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