dimanche 13 septembre 2009

You lie!

Image hébergée par servimg.com

Une mini-anecdote qui pourrait prêter à sourire, si elle n'était pas aussi triste: en plein discours devant le Congrès Américain pour défendre la réforme du système de santé, un Représentant de la Caroline du Sud a interrompu le président pour lui crier un "vous mentez" (you lie) assassin.

Le cri était une réponse à l'affirmation d'Obama que les immigrants illégaux ne bénéficieraient pas d'un système de santé public. Le Congrès a par ailleurs déjà validé plusieurs amendements pour s'assurer que cela ne serait pas le cas.
Selon Wikipedia il y aurait entre 7 et 20 millions de résidents "illégaux" aux Etats-Unis. Ceux-ci viennent en général d'Amérique latine et sont exploités par des employeurs peu scrupuleux.



Le Représentant, Joe Wilson, auparavant peu connu, est maintenant une célébrité nationale. Les contributions à ses campagnes ont explosé, et son exclamation est devenue un cri de ralliement pour les conservateurs Américains.

Hier, c'est par dizaine de milliers que ceux-ci sont venus manifester contre ce qu'ils perçoivent comme un abus de pouvoir du gouvernement. Pour beaucoup, le financement d'un système de santé public équivaut à fouler au pied les principes fondateurs des Etats-Unis, en premier lieu l'individualisme et la libre entreprise.

Image hébergée par servimg.com

Ironiquement, le même jour, Obama était accueilli en triomphe dans le Minnesota, où la population semblait encline à écouter les arguments du président.

Le débat a de quoi laisser plus d'un Français sceptique, dans la mesure ou la couverture santé est un acquis de longue date dans le pays. Mais pour les Américains, en particulier depuis Reagan, il ne va pas de soi que chacun doit contribuer à protéger les membres les plus vulnérables de la population. Pour les manifestants à Washington, le gouvernement "travaille pour le peuple", mais n'a pas à gérer le moindre aspect de la vie des citoyens. Cette méfiance vis-à-vis des politiques n'a rien de partisan, et les Républicains sont autant visés que les Démocrates: l'Etat doit être réduit à son rôle de représentant de la nation.

L'agitation est cependant bienvenue pour les parlementaires Républicains, qui s'opposent avec force aux mesures sociales envisagées par l'administration Démocrate. Plus encore par les compagnies d'assurances, qui craignent pour leurs parts de marché, ou les professionnels de santé, qui pensent que le coût des soins pourrait être amené à baisser, et donc leurs salaires.

Image hébergée par servimg.com

Ainsi, les intérêts particuliers dominent-ils encore le débat. Pour certains, la liberté consiste à faire confiance au secteur privé, à la libre entreprise et au jeu de la concurrence. Pour d'autres, le secteur privé ne tient pas compte de l'intérêt public et doit donc être mis en concurrence ou remplacé par une "option publique" (public option) pour protéger les nécessiteux.

Image hébergée par servimg.com

On aurait tort de croire la question purement Américaine: au-delà des frontières, la question reste posée dans la plupart des pays occidentaux, dans une certaine mesure à chaque élection. Ironie du sort, la même réponse n'est pas forcément vraie partout.

Sources:
The New York Times: Boy, Oh, Boy
The New York Times:Thousands Rally in Capital to Protest Big Government
The New York Times:Thousands Rally in Minnesota Behind Obama’s Call for Health Care Overhaul
The New York Times:The Fading Public Option

Aucun commentaire: