En 2003 aux Etats-Unis deux noirs sur cinq estimaient être victimes de discrimination une fois par mois et un sur cinq une fois par jour. En Janvier 2009, 72% des blancs interrogés pensent que les noirs "exagèrent" la discrimination dont ils sont victimes tandis que 82% des noirs pensent que les noirs la "sous-estiment".
L'élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis a dramatiquement modifié leur image, à l'intérieur comme à l'extérieur. Pour les minorités Américaines c'est là une revanche longtemps attendue contre les ségrégationnistes d'hier, pour les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) la possibilité de fermer la parenthèse Bush et d'être à nouveau fiers de leur pays.
Mais la discrimination va-t-elle cesser pour autant? D'après des études de l'Université Harvard, les Américains continuent à être considérablement biaisés par la couleur de peau. De nombreuses voix se sont élevées pour déclarer le combat pour l'égalité terminé aux Etats-Unis, étouffant ainsi les débats futurs dans l'oeuf. L'élection d'Obama permet à de nombreux Américains de se sentir mieux ; il est désormais possible de ne plus parler de race ou de discrimination, puisque ce ne sont plus que des erreurs du passé. Pour autant cesser d'en parler ne permettra pas un réel travail de fond sur la question. En d'autres termes, l'élection d'Obama légitime la politique de l'autruche sur le racisme.
Ce qui nous ramène à la France, perçue par une majorité d'Américains comme un pays hautement raciste. Les raisons en sont simples: une grande variété ethnique mais pas (ou prou) de discrimination positive, des incidents anti-sémites réguliers, une laïcité forcée qui ne respecte pas les différences religieuses (à l'école notamment) et encore moins le communautarisme, et des émeutes de banlieues décrites aux Etats-Unis comme des incidents "raciaux" dont nos minorités sont les victimes. En France, l'assimilation passe par le déni de spécificités physiques ou culturelles ; parler de race en France, c'est déjà être raciste, puisque le concept même est arbitraire. Notre pays a le fait le choix d'un idéal républicain ne reconnaissant aucune différence entre les individus.
Cette attitude aux Etats-Unis a toujours été vue comme hypocrite. Les Américains ne voient pas comment combattre la discrimination sans parler ouvertement de races, de religions ou de cultures différentes. Ironiquement c'est maintenant au tour des Etats-Unis de retourner à la politique de l'autruche.
L'ironie ne doit cependant pas masquer un paradoxe troublant: nous avons longtemps eu tendance en France à voir les classifications raciales anglo-saxonnes comme négatives. Mais si les résultats sont là, faut-il être raciste?
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4 commentaires:
Je suis pas du tout savant en politique donc ne t'étonne pas de la question: Est ce que le président Bush était raciste d'après toi ?
Je ne pense pas qu'on puisse dire ça.
Bien merci. Euh...dis donc comment t'arrive à faire tous ces textes ?! tu es un génie je te veux comme prof dans mon collège!
C'est que c'est ça mon travail hé hé!
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