Le sentiment en Europe -et tout particulièrement en France- à propos de la présidence de Barack Obama est aussi claire que le jour: nous sommes envieux.
Nous avons conscience que les résultats de la politique économique de Mr Obama ne sont pas -encore- bons et qu'ils ont peu de chance d'être merveilleux dans le proche futur. Ici aussi les résultats des politiques économiques de nos dirigeants ne sont pas bons du tout. Nous savons tout cela. Néanmoins, nous sommes envieux parce que les Américains sont si visiblement fiers de leur président. Pire encore, nous avons le sentiment que les Américains ont une sorte de foi en Barack Obama. Nous aimerions avoir le même sentiment à propos de nos présidents et de nos dirigeants.
Naturellement, nos présidents et dirigeants sont encore plus envieux que nous le sommes. Ils semblent tous se demander pourquoi ils ne sont pas autant aimés que Barack Obama. Certains d'entre eux essayent de jouer sur une ressemblance avec Mr Obama ; d'autres suggèrent qu'il est surfait. Et ainsi de suite... C'est un spectacle extrêmement amusant.
L'envie est une passion complexe. Elle engendre à la fois l'amour et la haine. De nombreux intellectuels Français détestent Barack Obama car ils pensent que trop de gens l'adorent, et avec trop d'ardeur. Mais globalement, l'optimisme et l'excitation ressentie par une majorité de la population Française pendant la campagne présidentielle de Mr Obama et au moment où il a été élu n'ont pas diminué.
Nous avons eu la chance d'apprécier l'esprit de coopération avec l'Europe de Mr Obama au sommet du G20. Ce fut presque une surprise, car nous ne sommes plus habitués à de telles choses après les années d'isolationnisme de George W. Bush. La position de Mr Obama sur l'Iran a provoqué des réactions plus-que-favorables à travers toute l'Europe, et particulièrement en France, et rien ne semble apporter de nuages au ciel bleu de l'histoire d'amour entre le vieux continent et le président Obama. La colère de Mr Obama est montrée ici comme quelque chose de sacrée. Quand il rit, nous rions.
D'un autre coté, quand notre président Nicolas Sarkozy se met en colère, nous rions. Quand il rit, nous nous demandons pourquoi. Nous sentons que Mr Obama confère de la dignité à son pays et à son peuple. Nous aussi souhaiterions vivement être dignifiés.
Dans le même numéro du New York Times, la célèbre chroniqueuse Maureen Dowd (Pullitzer 1999) qualifie N. Sarkozy de "napoléonique".
C'est plutôt bien trouvé, non?
Liberty, Egality, Envy, par Amélie Nothomb, New York Times du 05/04/09
The First Shrink, par Maureen Dowd, New York Times du 05/04/09
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