dimanche 12 septembre 2010

America is NOT at war...

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Enfonçant encore un peu le clou, Barack Obama a à nouveau pris position pour la tolérance religieuse à l'occasion de l'anniversaire de 9/11.

"En tant qu'américains nous ne sommes pas, et ne serons jamais, en guerre contre l'Islam", a déclaré le président.

Une telle prise de position est importante car elle tranche avec la tendance de la droite chrétienne américaine à s'opposer à l'Islam et aux musulmans, aux Etats-Unis et dans le monde. Pour beaucoup, il s'agit de protéger la "tradition" chrétienne des Etats-Unis mais, pour une minorité d'extrémistes, le conflit fondamental entre les chrétiens et les musulmans est le prélude au Jugement Dernier et au retour du Christ.

Cette position tranche aussi avec la tendance de la droite américaine à chercher un ennemi. Au lendemain de la fin de la Guerre Froide, l'ennemi soviétique fut remplacé par l'Irak de Saddam Hussein. Au lendemain du 11 septembre 2001, il fut remplacé par le terrorisme, et tout particulièrement le terrorisme islamique, avant d'être à nouveau supplanté par l'Irak en 2003.

The man who speaks of the enemy is the enemy himself.
Bertolt Brecht

L'image d'un pays en guerre est souvent profitable aux plus fervents nationalistes, qui sont généralement classés "à droite" car proches du parti Républicain, mais dont le patriotisme transcende en fait les divisions politiques traditionnelles (on se souvient que les néo-conservateurs étaient à l'origine des Démocrates). Ce patriotisme excessif donne une mission et une raison d'être à l'exceptionnalisme américain ; accessoirement il donne du travail au Pentagone et au complexe militaro-industriel.

Le fait qu'Obama prenne ses distances avec la rhétorique belligérante des impérialistes est bien sûr rassurant. Pour beaucoup (comme Thomas Friedman le chroniqueur du New York Times), les Etats-Unis n'ont de toutes façons plus les moyens d'exercer leur suprématie au niveau mondial à la suite de la crise économique de 2009.

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Mais il y a toujours, et en particulier dans les périodes économiques difficiles, ceux qui voient dans la haine et le conflit des solutions -ou des exutoires- aux difficultés nationales.
Stigmatiser les différentes, souligner l'altérité (l'autre), diviser, attiser les tensions déjà existantes, sont autant de stratégies pour les opportunistes en quête de pouvoir, de publicité ou simplement, d'un but, d'une légitimité impossible à atteindre par d'autres moyens. Aux Etats-Unis et en Europe, les mouvements de la haine s'agitent, menaçant d'infléchir les politiques dans des directions inavouables. Il est plus facile de trouver des boucs émissaires que des solutions aux problèmes économiques.

Les choix d'Obama ne sont pas forcément ceux qui lui rapporteront le plus de voix aux démocrates lors des prochaines élections législatives de mi-mandat. Mais ce sont des choix courageux, qui révèlent un leadership déterminé à ne pas succomber aux facilités des "guerres" contre le voisin, quel qu'il soit, à définir l'identité nationale par la tolérance et le respect et non par l'exclusion et l'individualisme.
On en serait volontiers envieux.



Sources:
The New York Times: On Sept. 11 Anniversary, Rifts Amid Mourning
The New York Times: Is This America?
The New York Times: Superbroke, Superfrugal, Superpower?

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