mercredi 21 janvier 2009

Change we can believe in

Et donc ca y est, Obama est donc officiellement devenu le president des Etats-Unis. A partir de maintenant il est l'homme le plus puissant du monde, et il doit concevoir les politiques de demain pour l'hyperpuissance Americaine.
Et donc du coup, une chose etrange se produit chez beaucoup de gens: un certain reveil, une sorte de gueule de bois, ou plutout un doute qui s'immisce. Car l'euphorie retombee, certaines verites peuvent etre douloureuses. Comme cette idee que ce bel homme politique noir n'est peut-etre pas l'outsider que l'on a cru, que peut-etre le changement promis ne sera pas si radical que cela. Les Americains sont pragmatiques: ils n'attendent pas de leur president qu'il efface la crise d'un coup de baguette magique, et beaucoup pensent deja qu'il lui faudra un second mandat pour effacer le mal fait par son predecesseur. "Bush: the end of an error", peut-on lire ici et la dans DC. De fait, le Texan est retourne chez lui par la voie des airs, et les medias Americains ont longuement insiste sur ce depart, comme pour soulager le pays que oui, c'est enfin termine, que c'etait un mauvais reve, une illusion presque. Et il y a de quoi etre soulage: voici quelqu'un de nouveau qui a promis de penser a reformer l'impots pour les plus modestes et de reformer l'assurance maladie pour tous, un vrai gauchiste enfin. Un president qui, des le premier jour a la Maison-blanche a gele les salaires de l'entourage presidentiel, gele aussi Guantanamo, gele aussi l'influence des lobbies (en ordonnant aux membres de son administration de ne pas s'occuper des dossiers de leurs entreprises), et qui semble decidement decide a glacer d'horreur les mechants Republicains, ces riches demagogues qui ont fait tant de mal.
Mais comme dans toute histoire, il faut se mefier du manicheisme, et du "tout-blanc/tout-noir". Obama n'est-il pas un peu trop parfait? Ne sait-il pas admirablement manier son image pour etre toujours le politicien ideal, sur de lui, calme, admirable, magnifique? A bien y reflechir, cette presidence ne joue-t-elle pas -deja- trop sur l'image, quitte a en rappeler une autre, Republicaine celle-ci, dont le role principale etait d'ailleurs joue par... un acteur?
On aurait tort de croire qu'un seul homme peut revolutionner Washington. De fait, la capitale (et surtout le Congres) reagit tres mal aux veritables outsiders, aux neo-revolutionnaires qui voudraient bousculer l'establishment. Le seul qui s'y soit reellement essaye s'en est mordu les doigts, tellement meme qu'on l'a un peu oublie dans le placard de l'histoire, ce petit Democrate de Georgie. Pour faire passer des lois aux Etats-Unis, encore faut-il savoir convaincre, pas seulement le peuple, mais aussi les legislateurs. On peut donc jouer l'outsider, mais il y a des limites.
Comme cette nomination d'Hillary Clinton au Departement d'Etat. Une excellente candidate cette Hillary, elle l'a bien prouve, mais on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une petite nouvelle, si? Et que penser de la proximite avec Lawrence Summers (chef du National Economic Council d'Obama), qui fut le Secretaire au Tresor de Bill Clinton, et qui participa activement aux dereglementations qu'on accuse d'avoir cause la crise? Obama a peut-etre change quelque chose, mais c'est pour l'instant surtout une question de style. On attend encore, comme dans un film a suspense, la reelle rupture qui nous prouvera a quel point il est revolutionnaire, un signe de son originalite, une justification de l'espoir qu'il a suscite. Cette election a tout change, non?
En politique etrangere peut-etre? Apres tout son discours inaugural n'aura pas epargne Bush, faisant l'apologie d'un "usage prudent de la force" et promettant de quitter l'Iraq. Mais les terroristes n'ont pas ete oublies non plus, et la "guerre contre un reseau de violence et de haine" semble la encore, comme un echo un peu genant, comme un petit deja-vu. Pour Obama aussi le pays est en guerre, et si cette "jeune nation" a vaincu le fascisme et le communisme jadis, elle peut encore le faire, par le peuple et pour le peuple.
Alors, ce changement, ou sera-t-il? Bien evidemment il va venir. Des le premier jour le ton a change, la confiance est revenue. Les petits indices ne manquent pas pour montrer que tout est different, que rien ne sera plus pareil maintenant que la page de l'esclavage a ete tournee pour de bon. Les Etats-Unis peuvent a nouveau montrer l'exemple au monde entier -comme avant en fait-, mais avec plus de classe. C'est sur, voila un grand president Americain qui saura faire ce qu'il faut. Et rester Americain donc, dans le fond. Parce qu'apres tout il s'agit des Etats-Unis. Pas de l'Europe, ni de l'Asie, ni de l'Amerique du Sud, et certainement pas de l'Afrique. Alors ce changement, revolutionnaire? Tout depend de quel cote de l'Atlantique on se place. Apres tout, un president, nous en avons un aussi avec qui "tout est possible". Et le changement pour le mieux, on l'attend encore.

2 commentaires:

Chloé a dit…

Bon, je retire ce que j'ai dit il y a quelques posts... non, tu ne t'embourgeoises pas, au final... ce blog se politise de plus en plus clairement, il semblerait même! ;)
Continue à écrire, tes petits articles sont très intéressants sur la culture et la civilisation américaines!
(juste parce que je suis pénible, voire maniaque, dans l'article précédent, tu as parlé de la foule qui faisait la "hola" en attendant Obama... c'est "ola" sans "h" = la vague et non pas hola = salut)
Bonne continuation!

Jacob Maillet a dit…

Pourtant avec des articles comme "Valerie Pecresse ou la fin de la recherche universitaire" ou encore "Le retour de Marx" je croyais avoir deja politise la bete... nan?