dimanche 2 novembre 2008

L'agenda secret de Barack Obama

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Essayons d’imaginer ce que cette élection va changer. Nous sommes le soir du 4 novembre, et Obama est donné gagnant. Le monde attend les décisions du nouvel homme le plus puissant au monde.
Vraisemblablement il ne se passe rien, ou en tout cas pas grand chose. En vérité le pouvoir du président Obama est limité par le Congrès. Il parvient à passer quelques mesures pour améliorer les services sociaux, mais leur application est largement retardée par l’administration. Il utilise sa popularité pour user et abuser de diplomatie à l’étranger, mais la crise économique l’empêche d’appliquer un programme vraiment démocrate.

Pourtant, aux yeux de bien des américains, Obama représente bien plus qu’un vote pour le parti démocrate. Ils votent pour un homme, et voient dans sa couleur de peau le symbole de la diversité et de la tolérance. Pour eux, Obama n’est pas simplement le candidat démocrate le plus prometteur, il représente une rupture avec les politiciens auxquels ils sont habitués. Ils espèrent que le nouveau président gouvernera de manière plus humaine, qu’il oeuvrera pour le citoyen ordinaire plutôt que pour le riche entrepreneur. Dans leur optique, Obama est conscient de sa mission, et ses discours ne sont pas que de la rhétorique destinée à gagner des voix, mais bien l’annonce d’un programme ambitieux qui changera durablement les Etats-Unis. Le soutien sans précédent dont il dispose auprès des personnalités du show-business (Oprah Winfrey, George Clooney, Sharon Stone ou Will Smith sont des partisans d’Obama) est aussi du à l’espoir d’un renouveau complet de la politique américaine.
Après le 11 septembre et l’Irak, ce désir de changement est bien compréhensible. Même si on les dit mal éduqués, la plupart des américains ne sont pas dupes : ils savent que leur pays a depuis un certain nombre d’années succombé à la tentation de l’impérialisme. Ils savent que l’armée américaine n’a pas pour rôle de faire la police à Baghdad ou à Kaboul. Après le traumatisme du Vietnam pour leurs parents, les américains d’aujourd’hui comprennent mieux que jamais que la suprématie américaine ne va pas de soi, et que la défendre à tout prix aura des conséquences durables sur leurs vies. Ils souhaitent donc un président qui ne recherche pas la grandeur par la force, mais pour les idées qu’il incarne. Pour eux, qui de mieux qu’un Barack Obama ?

Ainsi, Obama peut véritablement « changer le monde », puisqu’il réssuscitera les idéaux chers aux américains. Il représente l’homme ordinaire, issu d’une minorité mais parvenu au sommet du pouvoir par son mérite. Son histoire personnelle contribue à en faire un président universel, ses prises de position en faveur d’une répartition plus juste des impôts le président de la majorité, et son opposition à la guerre en Irak un pacifiste mesuré. Pour la plupart de ses supporters, Obama ne peut donc se contenter de retirer les troupes d’Irak ou de protéger l’environnement, il doit avoir un plan pour mener à bien des changements profonds. Cet agenda secret (« hidden agenda ») n’est pas un plan machiavélique pour ranimer le socialisme ou l’anarchisme comme les conservateurs aiment à le faire croire, mais bien un ensemble de réformes, comme la « Great Society » de Lyndon Johnson, qui apportera plus de justice sociale aux Etats-Unis, permettant ainsi aux déçus de l'administration Bush d'être à nouveau fiers de leur pays. Obama peut et doit être un grand président : sa couleur de peau l’exige.

Obama est donc, et c’est paradoxal, prisonnier de son image même dans son propre camp. Il sera toujours un homme noir dirigeant le pays, et symbolisera donc le progrès. Son élection marque un tournant dans l’histoire des Etats-Unis, qui plus que jamais peuvent incarner le rêve de l’universalité ; il y a eu Washington, Kennedy et les Roosevelt, il y aura maintenant Obama. Qu’importe à quoi ressemblera de facto sa présidence : elle est déjà une légende.

La campagne du sénateur de l’Illinois ne s’y est jamais trompée : le faste et la démesure sont à la hauteur de ses promesses ; il est destiné non pas à être un King, mais un empereur. Comme candidat il a déjà prouvé qu’il était le meilleur ; reste, s’il est élu, à être à la hauteur des espoirs qu’il suscite.

Discours d'Obama lors de la convention démocrate:

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